Nous vous reproduisons ci-dessous les premières pages d’un ouvrage en cours d’élaboration et qui vous racontera les prémices de ce périple incroyable effectué par Patrick Huet.
Il avait déjà relaté son aventure selon le point de vue de ses chaussures – une écriture totalement inédite et pleine d’humour dans un livre intitulé Les véritables héroïnes de la Seine.
Mais ici, ce sont les prémices de ce voyage qu’il partage avec vous. Des informations qu’il n’a jamais communiquées à quiconque jusqu’à présent.
La Seine à pied – le prologue de cette aventure (le tout début).
(Texte soumis au droit d’auteur. Copyright Patrick Huet.)
C’était un clair jour d’été.
Un clair jour pour moi.
L’était-il aussi pour les autres ? Ce n’est pas si sûr. En tout cas, s’il en allait différemment pour eux en ce premier jour du mois de juillet, je ne m’en suis pas rendu compte.
La lumière du matin se paraît de la brillance de l’aventure.
Je me rendais vers la source de la Seine et mes pas s’envoleraient ensuite jusqu’à la mer pour un immense périple au fil de l’eau. Oui, pas à pas, j’en découvrirai les berges ! Alors, le temps était forcément merveilleux. Je n’ai nul souvenir qu’il en fut autrement en cet instant où je me dirigeais vers la gare.
Cette grande marche le long de la Seine durerait un peu plus d’un mois selon mes estimations.
Mais avant de parler de ce périple, revenons quelques mois en arrière.
J’habite à Lyon. J’avais déjà longé à pied le Rhône et la Saône en leur totalité, mais il manquait une perle à mes rêves d’aventure. L’éventail de mes voyages aurait été incomplet si je n’avais pas pu y inclure ce fleuve synonyme de la France, celui qui traverse la capitale.
La Seine a bercé les cours de mon enfance, dans les classes primaires et au collège.
Dans mon imaginaire, l’histoire de France s’est cristallisée autour de ce fleuve. Comment dès lors ne pas aller à la découverte de ses berges ? Je n’en connaissais que quelques bribes, aux alentours d’Elbeuf où j’avais de la famille. Rien de plus. Le reste du parcours, c’est-à-dire la quasi-totalité de la Seine, m’était encore inconnu, et quelque chose me soufflait d’y étendre le flot de mes pas.
1- La préparation du voyage.
Si mes souvenirs scolaires enflammaient l’appel du fleuve qui palpitait en moi, je me gardais cependant de laisser le hasard guider les modalités de mon voyage. Plusieurs mois auparavant, je l’avais étudié et j’en avais couvert les différents aspects, très simples au demeurant. La Seine possédant la vertu de traverser mon propre pays où tout est à portée de pied. Il est difficile de marcher plus de quinze kilomètres – en ligne droite – sans apercevoir quelque part le toit d’une ferme, même dans la campagne la plus reculée. Si cela peut arriver en montagne, ailleurs c’est quand même très rare.
Le premier point à déterminer fut la date.
Je fixais mon départ le premier juillet. Pourquoi le premier ? Pour la symbolique du chiffre un. Le premier jour du mois pour mon premier jour de marche.
Vint ensuite l’estimation des étapes et de la longueur de ma foulée quotidienne. D’expérience, 25 km par jour représentaient une banalité pour mes pieds. Je tablais donc sur cette magnitude, limitant toutefois les deux premiers jours à un modeste 15 km pour réhabituer mon organisme à l’intensité de l’effort.
Un examen du parcours de la Seine d’après la carte générale de la France me fournit la liste des départements traversés et des plans spécifiques à acquérir pour visualiser au mieux les communes situées sur mon cheminement. Les cartes IGN (Institut de Géographie Nationale) ont ceci de remarquable que l’on peut choisir des versions si développées que chaque détail du sol y figure. Ces cartes auraient été idéales pour mon aventure, si je n’avais dû les porter. En effet, une version très agrandie des lieux signifiait que le dépliant papier ne couvrirait qu’une portion restreinte du terrain et qu’il m’aurait fallu une bonne quantité pour les 776 km du fleuve. Honnêtement, je n’aurais pu emporter une cinquantaine (ou plus) de ces plans de haute précision. Certes, la moindre venelle, le moindre sentier et ruisseau y serait dessiné, mais le poids de l’ensemble s’ajouterait aux dix-huit kilos qui gonfleraient mon sac à dos. Au-delà du poids, celui-ci n’aurait pas pu non plus contenir leur volume en surcroît de tout ce que je pendrais pour être au maximum autonome, vêtements, tapis de sol et tente inclus.
Je me tournai donc vers une vieille connaissance, les cartes départementales classiques publiées par Michelin. Une pour la Côte-d’Or, une pour la Normandie et une autre pour l’Île-de-France. Trois cartes pour 776 km de fleuve.
Selon mon vécu précédent avec la Saône, le parcours serait surtout délicat après la source, lorsque la Seine déploierait ses premières eaux. Un ruisselet qu’il serait peut-être difficile de distinguer quand il s’enfoncerait dans les bois, les forêts et divers autres lieux débordants de végétation qui en cacheraient le fil. Au bout de quelques kilomètres, je suppose qu’elle serait assez large pour que je ne la perde pas, quitte à grimper sur un arbre pour la détecter si sa vue me faisait défaut.
C’est ce que me dictait mon expérience du parcours de la Saône… et qui s’avérera totalement inutile par la suite tant chaque cours diffère des autres par son flux et par les paysages et la géographie des alentours.
Selon mes recherches, la source se situait à 40 km de Dijon. Je n’eus aucun mal à la repérer sur la carte. À partir de ce site, je divisais mon parcours en intervalle de 25 km, en fixant l’étape de chaque soir de préférence aux abords d’une commune. Non que j’avais l’intention d’y dormir, mais le nom précis d’un village ou d’une agglomération agissait comme un point de repère, le poteau à toucher qui marquait la fin d’une étape.
Bien sûr, ce n’était pas un emplacement inamovible. Je projetais de camper un peu avant ou un peu après selon l’état du terrain qui se présenterait à moi… prairie, champ, bois, camping municipal. Ce qu’il en serait exactement, je ne le découvrirai que sur place.
A l’époque de ce voyage (année 2004), je n’avais pas encore de connexion Internet. Je ne disposais donc que des informations transmises par les encyclopédies. Relativement peu de choses, à bien y réfléchir.
Bien évidemment, dans la grande ceinture parisienne, pas question de passer la nuit à la belle étoile. J’irai à l’hôtel. A Paris, je n’aurais pas de difficulté pour dormir. J’y avais des connaissances qui m’hébergeraient.
Le second point à tenir compte dans mon projet était la préparation physique.
Pour quelqu’un qui n’utilise jamais son corps dans la vie courante (hormis quelques organes très spécialisés comme la bouche, l’estomac, les paupières) même pour soulever une valisette de 2 kg sur les 20 m séparant une bouche de métro à une station de bus (ils préfèrent en général les tirer sur des roulettes), il est certain qu’une telle expédition nécessiterait un entraînement particulier.
Ne pensez pas que quelqu’un qui n’est pas capable de transporter une valisette (mais utilise des roulettes pour cela) sera apte à déployer de but en blanc suffisamment d’énergie physique pour porter 18 kg sur 800 ou 1000 km sans conséquence. Il lui faut une remise à niveau de son organisme.
Je demeure toujours stupéfait lorsque je croise dans le métro ou à la gare SNCF de grands hommes musclés aux biceps proéminents tirer derrière eux leur mini valise sur des roulettes comme s’ils étaient dépourvus d’énergie. Je me demande toujours à quoi bon d’avoir de gros muscles si ce n’est pour ne pas s’en servir ? Pour ma part, j’aurais bien aimé en avoir un peu plus.
A titre de comparaison, avec ma silhouette, avouons-le, maigrichonne, en théorie, je ne devrais pas être capable de soulever mon sac à dos (de 18 kg rappelons-le), mais devrais le placer sur une petite remorque et le haler avec une corde. Et pourtant, je l’ai porté sur près de 1000 km : le trajet de 776 km du fleuve, augmentés des divers allers et retours pour visiter tel ou tel lieu qui me paraissait remarquable dans les villes ou les campagnes.
A cette réflexion quelque peu amusée, vous aurez compris que dans la vie courante, je porte mes valises, je ne les tire pas. Et à cet effet, je choisis des bagages sans roulettes.
Quoi qu’il en soit, celui ou celle qui souhaiterait suivre à pied un cours d’eau aussi long que la Seine et qui a réduit l’usage de ses muscles à quasiment rien (hormis appuyer avec un doigt sur les touches d’un clavier d’ordinateur ou de téléphone et mâchouiller une part de pizza) devrait se réhabituer à utiliser tout son organisme – les jambes, le dos, les épaules (pour le port du sac), les pieds (carpes et métacarpes pour la marche intense), les jarrets, etc. – par un entraînement progressif. Ce qui demandera une préparation physique de quelques mois.
Pour ma part, cela ne fut pas nécessaire. Mon organisme ayant déjà été si longtemps accoutumé à la marche de plusieurs kilomètres par jour.
(A suivre.)
Auteur de ce texte (et début du livre) : Patrick Huet.
Information au sujet de cet ouvrage.
Pour toute information sur cet ouvrage à paraître, contactez Patrick Huet soit par téléphone soit par mail: 06 99 71 69 69 ou patrickhuet @ netc.fr (n’oubliez pas d’ôter les espaces vides). Voir aussi la page contact.
Conférence sur ce voyage.
Pour ceux qui aimerait découvrir ce voyage de vive voix, Patrick Huet se déplace aussi pour animer des conférences avec projection de photos au cours desquelles, il raconte son aventure suivies d’un échange o vous avez la possibilité de poser les questions que vous souhaitez. Vous aurez plus de détails en consultant la page suivante : conférence sur la Seine.
Abonnement aux actualités de Patrick Huet.
Pour vous abonner aux actualités de Patrick Huet et vous tenir au courant des nouveaux articles qui y sont publiés ainsi que des nouvelles parutions (livres ou ebooks), envoyez-lui ce message « Abonnement à votre site » ou cliquez ici : Abonnement au site.