Bombe atomique sous Louis XV – une histoire réelle.
Cette histoire fait partie du recueil Merveilles & Mystères.
Remarque : le livre « Merveilles & Mystères » est un recueil d’histoires véridiques sur le thème du mystère. L’auteur, Patrick Huet, a pris le temps d’effectuer de nombreuses recherches dans les archives en privilégiant les faits qui relevaient de l’insolite et du mystère. Il a ensuite romancé cette information de base pour la raconter dans son contexte historique et la rendre ainsi plus vivante et plus accessible au public.
« Bombe atomique sous Louis XV » est le titre de l’une de ces histoires, la première du recueil en fait. Nous avons voulu vous en partager avec vous un long passage que vous pourrez lire plus loin. (Cet extrait est publié ici avec l’accord de l’auteur).
Des essais d’une bombe atomique ont-ils pu être menés dans le passé ?
Cette étrange histoire relevée par Patrick Huet nous apprend qu’une arme d’une ampleur considérable a bien été expérimentée sous le règne de Louis XV.
S’agissait-il d’une arme strictement atomique, le terme n’existait pas à l’époque, mais ce qui est certain c’est que sa puissance de destruction atteignait un tel degré que quelques grammes pouvaient réduire en cendre une flotte entière ou le quartier d’une ville.
Une histoire basée sur des faits réels
Comme pour toutes les histoires relatées dans ce recueil, la nouvelle « Bombe atomique sous Louis XV » est basée sur un document d’archives. Ce document est reproduit à la fin du texte. Le lecteur aura ainsi la possibilité de poursuivre ses propres recherches s’il le souhaite.
N.B. Le document d’archives est le point d’inspiration de cette nouvelle. L’auteur s’est attaché à la raconter selon son propre style en la restituant dans le contexte de l’époque.
Début de « Bombe atomique sous Louis XV » .
(Texte sous copyright à ne reproduire qu’avec l’autorisation de l’auteur.)
Dans cette petite commune reculée au fin fond du Dauphiné, l’on ne s’étonnait plus depuis longtemps de l’allure excentrique de son citoyen le plus marquant. Le sieur Dupré, pour ne pas le nommer, venait rarement au centre du village et se mêlait encore moins souvent aux conversations de ses semblables.
C’était un homme grand et maigre. Son visage ascétique ne connaissait pas le sourire. Éternellement plongé dans de moroses pensées, on le voyait marmonner des paroles incompréhensibles comme s’il essayait de se prouver quelque chose ou comme s’il débattait d’une grave question avec une autre partie de sa personne.
Les enfants mimaient ses gestes saccadés, sa façon de marcher, la tête toujours penchée en avant, lourde des fantasmes qui l’agitaient. Toutefois, ils se gardaient bien de s’approcher trop près de cet étrange personnage. L’aura ténébreuse qui l’entourait et la flamme sombre de son regard les invitaient à une prudence instinctive.
La paysanne qui le pourvoyait régulièrement en nourriture rapportait à ses amies de curieuses informations.
La demeure de Dupré, tous la connaissaient. Une vieille bicoque à l’écart des passages. Il l’avait rachetée 30 ans plus tôt pour une broutille et il ne s’était jamais beaucoup soucié de son apparence. La peinture, complètement délavée, découvrait de larges pans de bois brut. Le toit, fissuré en plusieurs endroits, laissait filtrer l’eau par temps de pluie, tandis que le jardin n’était plus qu’un amas informe d’herbes sauvages et d’orties.
Si la vue extérieure de la maison était familière à tout un chacun, l’intérieur restait encore un mystère. La seule villageoise à pouvoir en parler était cette fameuse paysanne. Deux fois par semaine, elle l’approvisionnait en oeufs, fruits, viandes et pains. Dupré la payait, parfois sans prononcer même un bonjour, puis claquait littéralement la porte à son nez.
La brave dame s’était accoutumée au caractère de son client. Cependant, elle ne pouvait s’empêcher de jeter un coup d’oeil rapide à l’intérieur de la bicoque. Elle n’y voyait que des ustensiles bizarres, les uns en cuivre, les autres en étain. Un jour que Dupré eut égaré sa monnaie et qu’il s’en retournait dans sa chambre chercher la somme due, elle pénétra de deux pas dans la maison. Son regard fouilla chaque recoin de la pièce centrale. Il s’attarda sur les fourneaux, s’écarquilla sur les cornues, s’horrifia sur les liquides verdâtres qui s’y chauffaient.
Elle recula très vite de peur que Dupré ne la surprenne. Beaucoup plus tard, lorsque son courage lui revint, elle essaya d’en savoir plus. Dès que son client refermait la porte, elle collait son oreille sur les volets toujours clos. Ce n’étaient que gargouillis, raclements et… vociférations.
Dupré pestait contre lui-même, contre ses parchemins et contre ses instruments.
« Cré vingt diou ! jurait-il souvent, je finirai bien par la réaliser cette formule ! Tudieu ! j’ai tout ce qu’il faut. Le minerai, l’alliage et le modifieur, comme indiqué dans la formule. Alors, pourquoi cela ne marche-t-il point ! »
Il s’époumonait en des mots que la pauvre paysanne n’avait jamais entendus et dont elle ne comprenait pas le sens.
Tout le village partagea sans tarder les confidences de la paysanne et chacun reconnut en Dupré un sorcier établi là pour des expériences malfaisantes. Ils s’écartèrent un peu plus de l’individu, lequel ne demandait pas mieux. Le curé de la paroisse avança l’hypothèse d’un alchimiste, il en existait abondamment en ces années 1750, et l’on en resta là !
Jusqu’à ce fameux événement d’avril 1758 !
Le printemps éclatait de verdure et les sourires des jeunes filles rivalisaient avec les calices tendres des roses naissantes. La bruyère parfumait les bords de l’Isère d’une caresse délicate.
* * *
Au début de ce mois d’avril, par une nuit sans lune, alors que la brise tiède répandait alentour l’odeur tonique des cerisiers et que chacun s’en retournait à son lit, une lueur fantasmagorique explosa loin du village, vers l’est. Cette lumière formait comme une tenture de feu, à tel point que l’on crut d’abord à un incendie. Mais cette flamme gigantesque volait dans les airs et non sur la terre, et son ardeur déclinait rapidement. Tout au plus dura-t-elle quelques secondes. Avant de disparaître, l’on vit dans ses derniers reflets une fumée blanchâtre adopter la forme d’un champignon. Le vent souffla soudain très fort ; il était brûlant. Le sol vibra lui aussi.
Puis tout s’en alla et la vie reprit comme avant.
Comme avant ? Non point !
Le coeur des villageois se griffait de peur. Même, la faune nocturne se taisait, encore sous le choc. Mais plus loin, un homme grand et maigre, au visage ascétique, courait en hurlant des cris de joie. À le voir gesticuler dans tous les sens, on eût dit un dément. Il criait, se roulait dans l’herbe, s’arrachait les cheveux en riant.
— J’ai réussi ! J’ai réussi ! Le feu universel, la flamme ultime ! Je la tiens entre mes mains. Moi, Dupré, le fou, l’excentrique ! Trente années de recherches enfin récompensées ! Et ces bouseux là-bas qui doivent gémir d’effroi au fond de leur chaumière, savent-ils que l’irréalisable vient d’être accompli ? Et c’est à moi, Dupré, qu’en revient le mérite. La face du monde entier va changer dans les mois à venir.
Fin de l’extrait.
Où trouver ce livre ?
Pour ceux qui voudraient poursuivre la lecture de cette histoire, voire du recueil tout entier, le livre est disponible en librairie ou auprès de l’éditeur.
Voici le lien vers la page de présentation de l’éditeur : cliquez sur Bombe atomique.
D’autres extraits de livres sont également accessibles dans la colonne ci-contre « extraits de livre » .