RGPD – Détournement de la loi sur la protection des données.

Consentement forcé des Internautes.

(Texte écrit par Patrick Huet.)

Il existe depuis plusieurs années, en France, une loi qui réglemente l’usage des données privées des Internautes.

Cette loi stipule que le Webmaster, le propriétaire du site, doit offrir le choix au visiteur d’accepter les cookies (et autres logiciels de pistage) ou de les refuser.

C’est clair et net.

Autrement dit, le site doit proposer deux cases à cocher : une case « j’accepte » et une case « je refuse » .

(Cette loi a été renforcée le 25 mai par la RGPD – Réglementation Générale sur la Protection des Données.)

Bien entendu, si l’on propose aux gens de choisir entre le fait qu’on leur appose un logiciel d’espionnage de toutes leurs activités ou qu’on ne leur en appose pas, ils choisiront la seconde solution. Personne ne se réjouit d’être espionné à tour de bras.

Devant cette évidence, les webmasters ont trouvé une parade pour forcer la main aux internautes, en général, un bandeau qui énonce ceci : « En poursuivant la navigation sur ce site, vous acceptez…. Etc. »

Ne vous y trompez pas. Il s’agit là d’un détournement de la loi. Un consentement forcé dans le but de continuer à espionner le visiteur malgré la législation.

Par ailleurs, la formulation qu’on relève fréquemment « …des cookies à des fins d’analyse » est de la pure langue de bois et ne veut strictement rien dire.

Ils ne disent pas ce qui est fait réellement de vos données, à qui ils les transmettent, ni ce font les services tiers de ces données (Google, Facebook, Yoast et d’autres). Bien que les propriétaires de sites écrivent « vos données ne sont pas cédées…. » C’est faux.

A partir du moment où ils utilisent Google Analytics, Yoast, des boutons de partage (Instagram, Facebook), des polices de caractères Google, des liens de partage linkedIn (qui appartient à Microsoft) et bien d’autres applications, toutes vos données sont cédées d’office à ces sociétés. Et nul ne sait ce qu’elles en font, ni avec quel gouvernement ou quel cartel elles travaillent.

Vos données personnelles sont cédées en échange d’un service.

Par exemple, Google Analytics communique au propriétaire du site qui l’utilise des informations sur le comportement de visiteurs sur le site de ce propriétaire. Google se garde bien de dire quoi que ce soit de l’immense exploitation de toutes les autres données qu’il collecte en plus, rien au sujet des cookies traceurs qui les suivront partout sur le Web.

Idem pour Yoast, très vanté par certains intervenants WordPress qui savent fort bien que le visiteur des sites sur lesquels il est installé sera pisté à vie sans que nul ne sache ce qu’ils font de ces données (entre parenthèse, une belle trahison de la part de ces intervenants).

L’honnêteté voudrait que ces propriétaires écrivent « Vos données personnelles sont cédées à Google (ou Yoast) en échange d’un service d’analyse qu’il nous fournit« .

Voilà la vérité et ce qui doit être mentionné et non d’autres formulations destinées à masquer le tableau existant des échanges de données.

En outre, cette collecte d’informations n’a rien d’anodin.

Tout le système économique de ces sociétés (et des propriétaires de sites) est fondé sur l’espionnage de leurs concitoyens.

La solution – changer de modèle économique.

La solution est pourtant simple : changer de modèle économique.

Au lieu de bâtir leur modèle sur l’espionnage, il vaut mieux trouver une autre façon de séduire ses visiteurs.

Pourquoi déployer autant de créativité dans l’espionnage quand on peut faire montre d’autant de créativité dans une relation honnête avec ses visiteurs ?

L’ordinateur des autres est un espace privé.

Les propriétaires de sites internet ont tendance à oublier ceci. L’internaute a fait l’acquisition de son ordinateur (ou de sa tablette ou de son téléphone). Il l’a acheté avec son argent, cet appareil lui appartient donc en totalité, y compris la mémoire vive de cet ordinateur.

L’ordinateur est un espace privé.

Et ce n’est pas parce que la technologie permet d’accéder à cet ordinateur à l’insu de son propriétaire et d’y déposer ce qu’on veut qu’il faut utiliser ces méthodes.

Nul n’a le droit d’y pénétrer (à l’égal d’une voiture ou d’une maison) sans y être invité.

N. B.

Rappelons qu’un cookie de traçage ou d’espionnage n’est pas quelque chose de virtuel qui tombe du ciel par la magie de l’informatique. C’est un programme qui est installé volontairement sur votre ordinateur.

Si le gestionnaire d’un site les installe sans demander votre accord, alors, il y a violation d’une propriété privée.

On doit donc vous demander explicitement votre accord par une case « oui » ou une case « non » à cocher.

Conclusion. C’est une question d’honneur.

Les propriétaires de sites devraient être suffisamment respectueux des autres pour ne pas continuer à les espionner en utilisant des formules troubles et alambiquées qui les mettent dans la confusion ou qui forcent leur consentement.

Ce n’est même plus une question de législation, de CNIL ou de RGPD. C’est une question d’honneur.

On n’espionne pas son voisin. On ne lit pas son courrier ou ses emails. On ne lit ce qui se trouve sur son ordinateur. Et on ne le suit pas à moins qu’il n’ait donné explicitement son consentement.

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