Entretien avec Patrick Huet qui a descendu toute la Seine de la source à la mer.

Dans le cadre de nos entretiens exclusifs, nous avons reçu précédemment Laetitia qui a été interviewée par Patrick Huet. Il nous a semblé intéressant d’intervertir les rôles et de donner, cette fois-ci, carte blanche à Laetitia pour questionner Patrick Huet. L’interviewée d’hier devenant celle qui interview aujourd’hui.

C’est une innovation dans le domaine du journalisme que nous sommes fiers de vous présenter ci-dessous.

Début de l’entretien.

Laetitia : Bonjour Patrick. Je te connais très bien, mais pas forcément les lecteurs. Peux-tu te présenter en quelques mots ?

Patrick Huet : En quelques mots, oui. Je suis écrivain, conteur et poète. Écrivain aussi bien pour la rédaction de romans, de nouvelles, d’ouvrages historiques et de documentaires. Et aussi des recueils de poésie. J’ai pris également le titre de Fleuve-trotteur, une expression que j’ai forgée à partir de Globe-trotter, pour symboliser mes aventures le long des fleuves.

Laetitia : On aborde justement ce qui m’intéresse. Tu as donc fait la descente de la Seine ?

Patrick Huet : Oui.

Laetitia : La descente de la Seine à la nage ?

Patrick Huet : Non, à pied. J’ai longé la Seine à pied de la source à la mer. Je suis parti de la petite commune de Source-Seine, en Côte-d’Or, et j’ai terminé mon périple au Havre, sur la plage qui faisait face à la mer. Il s’agit de La Manche, qui sépare la France de l’Angleterre. J’ai d’ailleurs publié un livre à ce sujet « La Seine à pied de la source à la mer » .

Laetitia : Cela devait être un très beau voyage, mais je reviens encore sur le sujet. N’aimerais-tu pas, un jour, descendre la Seine à la nage ?

Patrick Huet : Cela aurait pu être une excellente idée. Descendre la Seine à la nage après l’avoir descendue à pied, voilà qui m’aurait donné l’occasion de voir l’entièreté de la Seine sous deux profils différents. Malheureusement, je suis loin d’être aussi bon nageur que toi. Dans l’eau, tu es une sirène. Tu ne fais qu’un avec les rivières, les lacs ou les mers. Tandis que moi, pour être franc, mes talents ne dépassent pas celui d’un nageur débutant, pour ne pas dire barbotant.

Laetitia : Je pourrais t’apprendre. Je suis sûre qu’avec les secrets qui sont miens, tu nagerais comme un poisson au bout de deux semaines.

Patrick Huet : Vraiment ?

Laetitia : Oui. Je suis un bon professeur. Je t’assure que je peux t’apprendre à nager à la perfection.

Patrick Huet : Effectivement, c’est tentant. Moi qui possède autant de talent dans l’eau qu’une pierre, il m’arrive souvent de rêver de plonger dans les fleuves et les lacs et de nager librement dans n’importe quel milieu.

Laetitia : Même dans la Seine ?

Patrick Huet : Et bien sûr dans la Seine.

Laetitia : Alors, cela m’intéresse. Comme tu le sais, moi aussi, j’ai des rêves. Entre autres celui de descendre la Seine à la nage de la source à la mer. Lorsque tu sauras nager à la perfection, que dis-tu de m’accompagner dans ma propre aventure ?

Patrick Huet : Ce serait très volontiers. J’adore les défis. Mais attention, nager véritablement de la source à la mer, ce n’est pas possible.

Laetitia : Pourquoi donc ? Il suffit de se mettre à l’eau, non ?

Patrick Huet : À condition qu’il y en ait suffisamment. Ce qui n’est pas le cas. La Seine prend son départ dans le parc des sources. La profondeur dans ce parc de 2 hectares va de 2 cm (au point précis de son départ) à 30 ou 40 cm à sa sortie du parc. Y patauger, oui, mais y nager, à moins d’être une puce d’eau, c’est impossible. Ah, aussi. L’eau est claire quand elle traverse le parc, mais si quelqu’un y patauge, il va remuer la vase au-dessous. Il n’y en a pas énormément, mais il va vite transformer sa micro-baignade en un bain de boue.

Un autre problème va rapidement se présenter si l’on tient à partir vraiment de la source-même. Après le parc, le ruisseau de la Seine traverse un bois enchevêtré sur deux ou trois kilomètres. Dans le premier kilomètre, elle se fraye un passage entre forêt sauvage, branches effondrées, roseaux en folie. Et toujours avec très peu de profondeur, à peine de quoi se mouiller la demi-jambe. Au bout de ce premier kilomètre, une retenue d’eau crée un étang artificiel. Là, c’est profond. Mais cela reste un étang d’où il faudra quand même sortir pour retrouver le ruisseau de la Seine qui cascade dans un ravin.

Laetitia : A quel moment peut-on nager dans la Seine ?

Patrick Huet : Pas à la source, en tous les cas ! Ni dans les premiers kilomètres. Tout ce qu’on peut faire, c’est de ramper dans cinquante centimètres en s’aidant de ses mains et de ses pieds pour avancer en poussant sur le fond ou sur les côtés. Mais ce n’est pas vraiment ce j’appelle nager.

Laetitia : Moi non plus. Alors, d’après toi, il serait impossible de réaliser mon rêve.

Patrick Huet : Non, non, je n’ai pas dit cela ! Si l’on veut vraiment descendre la Seine à la nage en partout du point exact de sa source, il faut attendre une période de très grosses averses, lorsque les pluies cascadent pendant des jours et des jours. Tous les ruisseaux sont alors en crus, se muent en torrents. Ils gonflent à tel point que leur profondeur est suffisante que l’on puisse y nager. A condition, je le précise bien d’être un excellent nageur, car le courant y est d’une force invraisemblable. Cela dit, je ne m’en fais pas pour toi. Les eaux des rivières sont tes amies et tu possèdes l’art de les diriger à ta guise. Tes pouvoirs de sirène sont extraordinaires.

Laetitia : Merci. Donc, si je comprends bien, il me suffit d’être à l’affût d’une période de fortes averses pour ainsi réellement descendre toute la Seine à la nage, en partant de la grotte de Séquana.

Patrick Huet : Exactement. Sinon, en période ordinaire, la profondeur de la Seine est si basse qu’il faut marcher pas mal de kilomètres avant d’atteindre un point où l’on peut nager correctement. Selon la saison, et le niveau de l’eau, cela peut varier de cinq à dix kilomètres.

Laetitia : Et Séquana, la déesse de la Seine, l’as-tu rencontrée ? J’ai lu tes deux livres consacrés à ce sujet, mais j’ai surtout adoré « Séquana la légende de la Seine« . C’est une histoire tellement fabuleuse que j’en ai eu des frissons. Alors, dis-moi, comment est Séquana en vrai ?

Patrick Huet : J’ai rencontré Séquana à travers mes rêves lorsque j’ai dormi le soir à proximité de la source. Il me semble en avoir perçu des reflets quand je marchais le long des berges et que la Seine scintillait d’or clair sous la lumière de l’aube. C’est ce qui m’a inspiré l’écriture de cette nouvelle.

Laetitia : Il me tarde de la découvrir aussi. Et de ressentir les mêmes sensations en nageant comme elle à travers le fleuve jusqu’à la mer. Sait-on jamais, avec un peu de chance, qui sait si je ne la rencontrerais pas ? Et puisque tu as accepté mon invitation, un jour, nous ferons équipe pour descendre toute la Seine à la nage.

Patrick Huet : Cela me donnera l’occasion d’écrire un nouveau livre. A la suite de ma première aventure, j’ai publié un livre sur la Seine. Alors, pour ce nouveau voyage un second livre s’impose.

Laetitia : J’allais te le suggérer. Si tu veux mon avis, il devrait s’intituler : la Seine à la nage de la source à la mer.

Patrick Huet : Un très bon titre Laetitia. Je suis presque jaloux de ne pas l’avoir trouvé le premier.

Laetitia : Tu vas me faire rougir. Cela dit, en attendant cette grande aventure, je te remercie de m’avoir accordé cet entretien, et je nous souhaite de pouvoir signer sur notre carte de visite le titre de Seine-nageur.

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