L’avion des Incas – une histoire réelle.

Les Incas possédaient-ils une science avancée en terme d’astronomie et d’aviation ?

En lisant cette histoire basée sur des faits réels, vous resterez songeurs face à l’un des mystères de ce grand peuple.

La science des Incas et le développement de l’aviation.

La science des Incas a-t-elle influencé le développement d’une partie de l’Europe ?

On l’ignore généralement, mais un appareil volant, basé sur les plans de savants incas, a été construit au Portugal sous le règne de Joao V (avant Montgolfier). Ce n’était pas un ballon s’élevant grâce à la poussée de l’air chaud, mais bien un appareil très technique.

Cette histoire racontée par Patrick Huet (selon son style, mais en respectant la configuration de l’époque) est donc fondée sur un événement réel. Le document d’archives est reproduit dans le livre afin de permettre au lecteur d’effectuer éventuellement ses propres recherches.

(N. B. Cette histoire fait partie du recueil « Merveilles & Mystères » .)

Des informations complémentaires au sujet de ce recueil sont disponibles en cliquant sur « Mystère » .

Début de l’extrait.

(Reproduit ici avec l’autorisation de l’auteur)

Une grande activité régnait dans le port de Lisbonne. Chaque matin, de nombreux de navires accostaient le long des quais tandis que marins et marchands discutaient entre eux à grand renfort de gestes brutaux et de rires bruyants.

En ce jour gris de fin d’automne, la ville bruissait plus que d’ordinaire. Marchands et débardeurs se précipitaient avec plus de vivacité que d’habitude et les cris jaillissaient plus vivement, plus durement.

Au milieu de cette fièvre, un homme sec, au visage buriné par de multiples coups de soleil, affectait une certaine indifférence. Le front haut dominait ses yeux vifs, profondément enfoncés dans leur orbite et jalousement fixés sur ses bagages. Les deux pieds rivés sur le pont de bois du voilier qui le transportait, il laissait les autres passagers se bousculer sur la passerelle.

— Qu’ils se chamaillent pour être le premier à poser son pied sur cette terre du Portugal ! Et si l’un d’eux tombe à la mer, il en sera quitte pour un bain et la perte d’une partie de ses biens. Je ne peux me permettre de telles folies.

Par folie, il n’entendait pas les bains, mais la perte de ses biens. Il caressa du regard les deux grandes malles, objet de ses soins. Nul à Lisbonne ni dans n’importe quel secteur du royaume n’aurait pu deviner le trésor qui y reposait. Non pas un trésor d’épices, de diamants ou d’or, plus précisément un trésor de sciences et de savoir.

— Monsieur de Gusmâo, n’êtes-vous point pressé de descendre après un si long trajet sur l’océan ?

Bartholomeu Lourenço de Gusmâo releva le menton de ses bagages pour contempler un homme rude au visage sévère et dont l’uniforme étincelait.

— Capitaine ! La hâte fustige mon âme autant que celle des autres voyageurs, mais je sais calmer les élans de mon coeur quand la situation l’exige. Je ne tiens à aucun prix à me livrer à ces excentricités et à commencer mon arrivée par un plongeon dans la mer. J’attendrais que la passerelle soit moins surpeuplée pour m’y engager.

Le capitaine partit d’un énorme rire avant de répondre entre deux quintes de toux.

— Vous risquez d’attendre un bon moment. Les cales du navire regorgent de denrées. Tout ce qui provient des Amériques fait fureur au Portugal. Voyez donc les marchands qui encombrent les quais ! Je n’en ai jamais autant dénombré. Et chacun d’eux espère acheter le maximum de marchandises pour les revendre dix fois plus cher.

— Je patienterais, capitaine. Je viens de passer des années dans les sauvages forêts d’Amazonie, chez les Incas. J’ai guetté longtemps une place pour mon pays, le Portugal. Je puis surseoir d’une heure que le brouhaha et les bousculades décroissent. Je n’éprouve aucun attrait pour les bains précipités.

Comme pour confirmer ses paroles, des hurlements montèrent de la jetée. Un homme venait de tomber à la mer, entraînant avec lui une demi-douzaine de dockers et autant de colis. Un sourire malicieux sur les lèvres, Gusmâo s’assit sur ses bagages. Il ne prendrait aucun risque avec les siens !

Plus tard, aux approches de la nuit, lorsqu’il arriva enfin au seuil de son logis, il poussa un soupir. Il n’avait pas vu sa demeure depuis des années, mais tout était resté intact, comme à son départ.

Il fit mener ses cantines dans la cuisine, paya les deux livreurs et referma sur leurs pas la lourde porte de chêne. Alors, et alors seulement, ouvrit-il ses malles et déballa-t-il des liasses de documents, des rouleaux de toile qui décrivaient par le détail les révélations de savants incas. Là-bas, chez ce peuple, le papier n’existait pas. On écrivait directement sur de la toile spécialement apprêtée à l’écriture.

Gusmâo rangea soigneusement tous ces trésors acquis durant son séjour puis se laissa choir dans un large fauteuil.

Le lendemain, son premier mouvement fut de s’enquérir des événements qui s’étaient déroulés au Portugal durant son absence. Il se rendit chez un ami, à la fois son voisin et le propriétaire d’une auberge.

Pendant qu’il se régalait d’un déjeuner fort consistant, Gusmâo s’entretint avec l’aubergiste. La mine joviale de ce dernier s’assombrit.

— La situation n’est guère brillante.

— Pourtant, avec tous ces bateaux qui viennent et repartent, les clients ne manquent pas !

— Ils se font plus discrets qu’autrefois. Un mot de travers, une phrase qui sort de la norme et…

— Et ?

— Et l’on n’est jamais certain que cette phrase ne parviendra pas jusqu’à des oreilles inopportunes.

Gusmâo fronça les sourcils.

— Je crains de ne pas te comprendre. Si tu m’expliquais ?

L’aubergiste se pencha vers lui et murmura.

— Les temps ont changé. L’Inquisition est plus puissante que jamais. Il suffit d’une simple dénonciation pour que tu sois convoqué devant l’un de leurs représentants. Et si tes réponses lui déplaisent, il peut solliciter auprès de ses supérieurs l’ouverture d’une enquête. Ce qu’ils ne refusent jamais. Selon leur opinion, quelqu’un de suspect est déjà coupable. Toute leur instruction consiste uniquement à débusquer des preuves de culpabilité. Ils usent de méthodes si redoutablement efficaces que n’importe quel citoyen honnête en arrive à s’accuser de tous les crimes possibles et imaginables.

Le visage de Gusmâo se figea, ses lèvres se durcirent en une mince ligne.

— Je connais ces méthodes, lâcha-t-il enfin. Il s’agit de la fameuse « Question », de ces tortures abominables infligées sans discernement pour qu’un homme avoue tout ce qu’on lui demande.

— Tu es bien renseigné, Gusmâo. Cela dit, je te le conseille, méfie-toi de ces inquisiteurs. Même s’ils ne tiennent pas encore Lisbonne, leur pouvoir s’accroît sans cesse. Ils ont l’oreille de certains conseillers du roi. Puisses-tu ne jamais avoir affaire à ces gens-là !

* * *

Gusmâo hocha la tête et finit son repas. Il s’en retourna chez lui et se mit à arpenter sa chambre dans tous les sens.

— Ceci est rageant ! crachait-il à son ombre. Je possède sur mes rouleaux une connaissance fabuleuse ramenée du peuple des Incas et je ne puis la divulguer. Je connais les grands-prêtres de l’Inquisition. Toute science est impie selon eux. Ils ne pratiquent que le langage du sang et celui du bûcher. Comment faire ?

Les vitupérations n’ayant que peu d’utilité n’ayant, il sortit en grommelant et se dirigea d’un pas vif vers la ferme de son oncle – Joulano – à la périphérie de la ville. Le vieux monsieur ne s’occupait plus depuis longtemps des affaires terrestres, que ce fussent les siennes ou celles des hommes. Un couple de jeunes fermiers exploitait ses champs en métairie. Quant au reste du monde vivant hors de sa propriété, il s’en souciait autant que de ses premiers navets. Pour Gusmâo, c’était donc le conseiller idéal.

— Entre, Lourenço, lui dit son oncle, quand il fut introduit auprès de lui. Approche-toi ! La vue me quitte et mon oreille se fait dure, mais la joie de te revoir me submerge.

— Moi aussi, mon oncle ! Je suis ravi de te voir en bonne santé.

Brièvement, il lui expliqua la raison de sa visite. Le vieillard se gratta la gorge, renifla un brin avant de questionner.

— Es-tu vraiment sûr, Lourenço, que ces rouleaux te permettront de construire un appareil volant ?

— J’en suis certain ! Les savants Incas m’ont offert leur amitié et leur confiance. Les Espagnols ont massacré leurs élites et avec elles ont disparu les réceptacles les plus précieux de leur savoir. Les quelques rescapés de cette hécatombe ne voulurent pas que fussent perdues ces dernières parcelles de connaissance. Ils me les ont transmises afin que je les exploite au grand jour.

— Pourquoi ne l’ont-ils pas fait, eux-mêmes, dans leur pays ?

— Je l’ignore, mon oncle. Les savants ne m’ont apporté aucune lumière sur ce point. Ils étaient si pressés de m’enseigner leurs arts que je ne disposais pas du temps nécessaire pour les interroger plus avant.

— Et tu souhaites bâtir ces engins volants, ces oiseaux mécaniques ?

— Oui !

— Tu devras auparavant gagner l’autorisation du roi en personne. Sans cela, l’Inquisition t’anéantira. Ses membres te feront passer pour hérétique, sorcier ou que sais-je encore ! Leur haine ne connaît pas de limites. Obtiens la protection totale du roi, ce n’est qu’à partir de ce moment-là que tu pourras oeuvrer en toute sécurité !

Gusmâo leva les bras, découragé. Il soupira d’une voix lasse.

— Le roi ? Comment le convaincrais-je ? Je ne suis familier ni de sa cour ni de ses conseillers.

— Je t’apprendrai les arcanes des antichambres, Lourenço. Suis mes instructions !

© Patrick Huet

FIN DE L’EXTRAIT.

Où trouver ce livre ?

Le recueil « Merveilles & Mystères » est disponible en librairie.

Vous pouvez également vous le procurer auprès de l’éditeur Bod.

D’autres extraits.

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Par ailleurs de très longs passages de différentes histoires de ce recueil de nouvelles sont ouverts à tous sur Google Play.

Voici un lien pour y accéder : « Merveilles & Mystères » .

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Bonne lecture.