Les Hortours – Dans l’enfer de la jungle.
Extrait du roman de Patrick Huet.
Nous vous proposons ci-dessous un extrait du livre de Patrick Huet. « Les Hortours – dans l’enfer de la jungle » .
Il s’agit d’un roman d’aventures se déroulant sur toile de fond d’une jungle aux périls innombrables.
Au milieu de celle-ci, Vaaxor survit péniblement jusqu’à cette nuit où il voit en rêve Lahiline – une fille d’une merveilleuse beauté. Il ne sait pas encore qu’elle vit dans une tour immense de 5 km de hauteur et dont les habitants sont soumis à une dictature féroce.
Pour la retrouver, il traversera la jungle des fauves, et il trouvera… la jungle des hommes.
(Texte sous copyright, destiné à la lecture, reproduit ici avec l’accord de l’auteur.)
Début du roman (à lire)
Le tigre avançait dans le sous-bois avec la souplesse élégante des lianes. Il se glissait entre les broussailles sans que les épines n’éraflent le cuir épais de sa robe. Il s’arrêta un moment pour humer le vent. Une odeur de sang à peine perceptible lui chatouilla les narines.
Il n’avait pas mangé depuis trois jours et ce fumet vrilla chaque muscle de son corps. Les griffes de ses pattes jaillirent instinctivement. Elles imprimèrent le sol humide d’une série de hachures nettement tranchées.
Le tigre reprit sa marche rapide, contre le vent, en direction de cette odeur qui lui tiraillait l’estomac.
Plus haut, dans les branches, des oiseaux multicolores piaillaient, criaient, se harcelaient l’un l’autre en se pourchassant. Le tigre n’y prêtait pas attention, pas plus qu’aux émanations suaves des plantes tropicales, ni à celles, plus lourdes, qui montaient des feuilles pourrissantes de l’humus. Ses babines se retroussèrent subitement : derrière l’odeur du sang qu’il suivait depuis un moment, une autre venait de se frayer un chemin jusqu’à sa conscience de chasseur. Une odeur de chair fraîche, saine et vivante !
Son allure s’accéléra. Il progressait toutefois dans le silence le plus total. L’on ne distinguait qu’une forme redoutable zébrant le sous-bois.
Au parfum de la chair, des sons vinrent s’ajouter : des grattements, le bruit d’une carcasse qui se disloque, celui d’une respiration soutenue. Aussitôt, le tigre ralentit. Il avançait toujours, mais en un mouvement si réduit qu’il paraissait ne pas bouger. Il finit par s’immobiliser et par se tapir entre deux massifs de broussailles.
Ses yeux jaunâtres se braquèrent dix mètres devant lui et, dans leur faisceau cruel, ondulaient le dos d’un homme svelte. Un dos, à peine couvert d’une tunique en cuir brut. Les mains dansaient dans le soleil de fin d’après-midi. Elles avaient abandonné une hache de pierre dans les herbes pour vider un lièvre.
L’homme aux cheveux en pagaille écarta une fois de plus la carcasse du lièvre. L’odeur du sang jaillit, plus forte encore. Elle hypnotisa le fauve qui se dressa et bondit en avant de toute la puissance de ses muscles. Sa férocité le précéda et fulgura à travers la clairière jusqu’à l’homme brun qui se retourna, brusquement averti du danger imminent.
Il n’eut pas le temps de connaître la peur. Sa main lança le lièvre à demi vidé sur la tête du tigre encore en extension dans les airs, puis il roula de côté en empoignant sa hache. Le visage mince et jeune de l’individu se ferma sur une résolution farouche. La hache s’abattit avec rage sur le front du tigre, juste entre les deux yeux. Cependant, la vitesse du fauve était telle que, même le crâne fracassé, il continua sa course. Sa masse projeta le jeune homme par terre. Les griffes des pattes arrière déchirèrent son pantalon de cuir et lui entamèrent la peau des jambes. Celles des pattes avant frôlèrent sa gorge.
Plaqué sous les cent cinquante kilos du tigre, il se débattit un moment avant de pouvoir se dégager. Avant toute chose, hache levée, il scruta la jungle au-delà de la clairière. Aucun autre fauve ne se présentait, aucune autre manifestation de prédateurs sinon une bande de fourmis qui vaquait studieusement en quête de nourriture.
Alors, sans plus accorder d’attention au tigre, il finit de vider son lièvre en un prompt tour de main et quitta les lieux précipitamment.
Il était mince et rapide ; jeune, mais lui-même ignorait son âge. Un tiraillement monta de sa cuisse droite tandis qu’il s’éloignait à petits trots. Du sang coulait en rigoles sur son pantalon. Il examina ses blessures : elles n’étaient que superficielles – aucune veine importante n’avait été touchée. Rien de grave.
Néanmoins, dans ces lieux humides, la moindre égratignure pouvait s’infecter si l’on n’y prenait soin. Son regard vif repéra une variété de plantes qu’il savait désinfectantes. Il en cueillit une poignée et la pressa contre les coupures après les avoir nettoyées. Il attacha la compresse avec un morceau de lierre, ramassa plusieurs autres poignées de cette herbe qu’il passa dans la ceinture de son pantalon et reprit sa route.
Il n’alla pas bien loin. Un arbre gigantesque se dressa bientôt sur son chemin.
Un éclair de satisfaction brilla sur son visage et, pour la première fois, il émit un son humain.
« Mon arbre, enfin ! »
Ce fut tout. Dans la jungle qui s’étendait autour de lui, il était imprudent de discourir longuement. Les modulations de la voix coupaient ceux de la forêt. Le frôlement d’un serpent contre le tronc d’un arbre, le claquement d’aile d’un rapace géant, ou encore l’avance feutrée d’un fauve… derrière chaque écho anormalement furtif, un prédateur pouvait se dissimuler. Quand on se déplaçait dans un univers aussi dangereux que celui-ci, une oreille vigilante et un œil vif garantissaient sa survie.
Il jeta un regard autour de lui et en hauteur afin de s’assurer de l’absence d’un agresseur quelconque avant son escalade. L’arbre était si vaste que les premières branches étalaient leur feuillage à trois mètres au-dessus de sa tête. Il ne s’en soucia pas. Une série d’entailles qu’il avait incisées courait le long du tronc.
Il attacha le lièvre par les oreilles à sa ceinture puis grimpa lestement son échelle improvisée. Au-delà des premières branches, le tronc s’ornait d’une quantité de nœuds solides qui permettaient de le gravir aisément. Il gagna un deuxième niveau de ramures. Là, les branches, épaisses comme trois fois le corps d’un homme, offraient suffisamment d’espace et de solidité pour y établir un abri.
Il y avait d’ailleurs construit une hutte afin de protéger son sommeil. Elle n’était pas particulièrement travaillée. Il avait simplement courbé un certain nombre de branches secondaires choisies parmi les plus fines, les plus flexibles et les plus feuillues. Liées les unes aux autres, ces branches formaient un dôme invisible depuis le sol. Il en avait renforcé les parois par des bambous, puis les avait tapissés de chaume. Quant au plancher, constitué de bambous entrecroisés et de chaume, il supportait allègrement son poids. Une seule entrée permettait l’accès à ce nid douillet fermé par une porte, elle aussi façonnée à l’aide de bambous et de chaume.
Le jeune homme ouvrit sa hutte et y jeta un coup d’œil attentif.
Son logis était vide ! Pas d’occupants indésirables !
Il se glissa prestement à l’intérieur, referma soigneusement derrière lui et prit enfin le temps de respirer. La vue du lièvre ballottant toujours près de sa hanche lui arracha un sourire.
« Du lièvre… Les racines et les tiges, à la longue, on s’en lasse. Et les fruits on n’en trouve pas de comestibles par ici. Depuis quand n’ai-je pas mangé de la viande ?… Depuis cette nuit où… »
Il se hâta d’enfouir dans les replis de l’inconscience la vision d’horreur qui surgissait déjà de sa mémoire.
Une large pierre plate et creuse contenait des brindilles et des morceaux de branches sèches. Il y mit le feu, usant pour cela de deux pierres à étincelles. Il embrocha le lièvre sur un rameau dénudé et le fit tournoyer lentement au-dessus de ce foyer. L’odeur de viande rôtie montait dans la hutte. Il n’y résista pas. Bien que la bête fût aux trois quarts cuite, il mordit dedans avec la voracité d’un homme affamé, ce qu’il était assurément.
Le parfum alléchant traversa les murs de feuilles et se répandit alentour en volutes excitantes. Quelque part dans la jungle, des narines se levèrent sur son passage, des babines se retroussèrent. Une langue passa avidement sur des crocs jaunes, proéminents, et une masse imposante s’ébranla.
Dans la hutte, le jeune homme continuait son repas sans autres soucis que celui de se régaler de son rôti, si absorbé par le jus tiède du lièvre qu’il ne sentit pas la branche sous ses pieds se ployer peu à peu. Ses yeux à demi clos se perdaient dans leur propre langueur.
La branche se courba soudain plus franchement. La porte de bambou, pourtant solidement fixée par des lianes, fut arrachée violemment. Les épaules énormes d’un géant velu parurent à contre-jour.
« Un Xortil ! » s’exclama le propriétaire des lieux.
D’un bon, il se dressa, la main fermée sur la hache.
Le monstre, moitié homme, moitié singe, tournait sa tête formidable en direction de l’humain. Ses narines dépourvues de nez humaient les effluves du rôti. Ses petits yeux ronds allaient du lièvre abandonné près de la pierre plate au garçon qui s’en éloignait doucement. Les crocs de prédateur du Xortil hachaient les airs.
Un seul mouvement du bras et le Xortil aurait pu s’emparer du rôti. Ce point n’émergea pas de sa conscience. Ces demi-humains ne connaissaient pas la réflexion. Pour eux, tout autre bipède aperçu dans leur territoire était un ennemi… à abattre.
Dans un hurlement sauvage, il écarta les parois de l’entrée. Les ramures plièrent, mais ne rompirent pas. Leur souple résistance décupla sa fureur. Il brisa leurs liens, arracha le chaume et les feuillages. Le dôme s’évasa brutalement tandis que les branches retrouvaient leur position d’origine.
Toujours en hurlant, le Xortil se jeta sur le jeune homme. Ce dernier ne pouvait fuir. Le Xortil, plus agile que lui dans les arbres, l’aurait suivi et rattrapé. Autant se battre là où il pouvait poser son pied ! Il leva sa hache de pierre et en frappa son adversaire une fois et demi plus grand que lui. Le manche de la hache rebondit sur l’avant-bras du monstre. Des bras plus épais que ses cuisses le saisirent, le ceinturèrent et commencèrent à serrer. Torse comprimé, le jeune homme suffoquait. Il sentait déjà ses côtes grincer. Dans un instant, elles se briseraient sous l’étreinte du Xortil.
(Fin de l’extrait)
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