Entretien exclusif avec Balia et son point de vue au sujet des combats contre les oppressions.
Aujourd’hui, nous avons l’honneur d’accueillir une personne extraordinaire puisqu’elle fait profession de sorcière. A ce titre, elle détient une place primordiale dans le roman « Le Château des Véraliens« . Son action a été prépondérante dans les événements que Patrick Huet a eu le plaisir de relater dans son ouvrage.
Il s’agit de Balia. Si Patrick Huet en a parlé dans son livre, il ne l’avait encore jamais eu l’occasion de passer un long moment en tête à tête avec elle. C’est dire si cette rencontre lui tenait à coeur.
Patrick Huet a donc reçu Balia par une belle journée ensoleillée, une de ces journées où, bercé par la douceur du temps, on se laisse aller aux confidences.
Voyons donc ce que Balia nous réserve comme surprise.
Début de l’entretien avec Balia.
Patrick Huet : Bonjour Balia.
Balia : Balia te souhaite aussi le Bon Jour aussi. Mais tous les jours sont bons pour Balia, car elle sait tirer profit du mauvais comme du meilleur. Tous les jours sont bons pour celui qui s’efforce à tirer un enseignement des événements qui ont lieu. Il y a toujours quelque chose à apprendre dans une réussite comme dans une défaite.
Patrick Huet : Pouvez-vous nous donner un exemple de cela pour que l’on comprenne mieux ?
Balia : Prends le cas d’un fermier. Si une année sa récolte sèche sur pied, se lamenter ne sert à rien. Il est plus utile de comprendre pourquoi une telle situation a pu se produire pour la corriger. Si le fermier examine le déroulement des saisons, que verra-t-il ? Qu’il a plu des tonnes d’eau durant le printemps précédent ou à l’automne précédent. Des averses à n’en plus finir, des champs transformés en lacs. Et l’été qui a suivi ? Pas une goutte venant du ciel, et des champs passant de l’état de lac à l’état de savane.
Mais qu’à fait ce paysan ? A-t-il creusé de vastes réservoirs pour préserver cette eau avant qu’elle ne retourne à la mer afin de pouvoir l’utiliser en temps de nécessité lors des jours de sécheresse ?
Si en étudiant la question, le fermier comprend que cette catastrophe (la destruction de sa récolte) n’est due qu’à son manque de gestion des aléas de la nature, qu’à son manque de prévoyance… s’il comprend cela, alors ce sera une bonne journée pour lui, quelle que soit la quantité de récolte qu’il a perdue. Bien sûr, cela ne fera pas reverdir sa récolte desséchée, mais il sera mieux armé pour l’avenir.
A lui, maintenant, de se montrer courageux pour affronter les semaines difficiles qui suivront le manque de récolte, tout en travaillant deux fois plus pour creuser les réservoirs destinés à recevoir et préserver les lacs de pluie de l’automne prochain, afin que plus jamais il ne manque d’eau en cas de sécheresse. Il aura alors assuré son propre avenir et celui de sa famille. Enseignement qui se perpétuera à travers ses enfants pour les générations à venir.
C’est la même démarche dans les aspects de la vie. Quand on a commis de lourdes erreurs, il faut travailler dur pour les réparer tout en oeuvrant pour que cela ne se reproduise jamais plus.
Patrick Huet. Si je comprends bien, pour que les jours de demain soient bons, il faut travailler aujourd’hui dans cet objectif ?
On crée aujourd’hui le bonheur de demain !
Balia : C’est cela. C’est par le travail que l’on effectue aujourd’hui qu’on crée le bonheur de demain. Si tu veux que tes jours soient paisibles pour le restant de ta vie, tu dois retrousser les manches de ta tunique et te mettre à l’ouvrage dès aujourd’hui ! Si tu ne le fais pas, d’autres agiront à ta place, pas pour toi, mais pour eux, pour leurs objectifs. Si tu abandonnes le terrain de ta vie, d’autres s’empareront de la place. Et ces autres ne sont pas toujours bien intentionnés. Souvent, c’est même l’inverse.
Patrick Huet : Pourquoi ne faut-il pas laisser laisser les autres agir à sa place, c’est-à-dire occuper le terrain de sa vie ?
Balia : Pour plusieurs raisons. D’abord, ce que les gens jugent bon pour eux n’est pas forcément bon pour toi. Certains penseront peut-être que la seule nourriture valable dans un repas est celle de grillons, de sauterelles ou de grosses mygales. C’est leur goût, mais pas le tien. Si tu laisses ces personnes décider pour toi de ce tu dois manger, tu auras non seulement perdu ta liberté de choix en matière de nourriture, mais tu seras soumis à une alimentation écoeurante le restant de ta vie.
Balia te le dit. Les goûts, les buts et les désirs des autres ne sont pas forcément les tiens, alors n’abandonne pas une seule parcelle de ton territoire de vie à la décision des autres. Décide par toi-même et fais savoir ton choix à voix haute. Ne laisse pas tes goûts et tes buts être remplacés par ceux des autres.
Ne laisse pas tes goûts et tes buts être remplacés par ceux des autres.
Patrick Huet : Et quelles sont les autres raisons ?
Balia : Sache auparavant qu’il existe quand même des personnes qui, bien que n’ayant pas les mêmes objectifs que toi, ne vont pas t’imposer des choses dont tu as horreur ou qui vont te blesser. De telles personnes sont précieuses, elles tiennent compte de l’avis des autres et se soucient des autres autant que d’elles-mêmes. Balia en connaît quelques-unes. Ces personnes de grande valeur prennent soin de communiquer avec leur entourage, s’enquièrent de leur avis. Elles n’empiéteront jamais sur ton terrain. Par terrain, il faut comprendre ta propriété, ta demeure autant que ta propre vie.
Patrick Huet : Tous ne sont pas aussi attentionnés, hélas !
Balia : Balia soupire à ce constat. Elle en a vu des ambitieux prompts à toutes les trahisons, tous les mensonges et les coups de force pour satisfaire leur propre intérêt… en violant et en piétinant le droit des gens à vivre en paix. Alors, c’est à chacun d’être suffisamment éveillé pour s’alerter dès que quelqu’un empiète sur ses droits, même une seule parcelle. Car si on le laisse faire, le jour suivant il en prendra un peu plus, le jour d’après il s’enhardira pour en prendre davantage. Et pour finir, ce sera lui propriétaire de notre territoire.
Patrick Huet : Vous entendez par là propriétaire de notre maison ?
Balia : Non, pas seulement de ta maison. Propriétaire de ton coeur, de tes pensées, de tes émotions, Propriétaire aussi de tes gestes et de tes déplacements, car tu éviteras d’effectuer tel ou tel mouvement, ou tu éviteras tel chemin, tel trajet, pour ne pas le voir. C’est donc lui qui devient à ce moment-là propriétaire de tes mouvements. Si tu laisses un de ces ambitieux agir à sa guise, c’est de tout cela qu’il s’emparera au fil du temps.
Tes pensées et tes émotions ne seront plus dirigées entièrement vers tes propres activités, elles seront occupées à protester à protester intérieurement contre cet individu. Ce qui signifie que ce dernier devient propriétaire d’une partie de tes pensées, d’une partie de toi-même, autrement dit d’une partie de ton territoire.
Plus tu laisses cet ambitieux avancer sur tes droits, grignoter sur tes libertés, plus il s’emparera de ton territoire de vie : tes pensées, tes émotions, tes facultés de mouvement physique ou psychique.
Patrick Huet : Alors quelle est la solution en face d’un homme ambitieux ou d’une femme ambitieuse qui veut s’accaparer nos libertés ?
Balia : Ne jamais les laisser faire. La langue de vipère de ce genre de personne trouvera toujours de bonnes raisons pour que tu acceptes des règles qui enserreront ta vie, pour que tu renonces à l’idée même de t’y opposer. C’est un piège dans lequel tu dois veiller à ne pas tomber. C’est en faisant obstacle à la faible oppression d’aujourd’hui que tu éviteras la monstrueuse oppression de demain.
C’est en faisant obstacle à la faible oppression d’aujourd’hui que tu éviteras la monstrueuse oppression de demain.
Patrick Huet : Balia, vous avez toujours combattu l’oppression, me semble-t-il ?
Balia : Aucune oppression ne peut refermer ses crocs sur Balia. Balia est une sorcière des bois et des marais, elle sait comment s’y prendre pour les vaincre.
Patrick Huet : Vous avez aussi combattu les Véraliens quand ils ont installé leur emprise sur le territoire où vous vivez. Vous les avez combattus aux côtés de Rony.
Balia : Balia te remercie d’avoir parlé de cette grande bataille dans ton livre.
Patrick Huet : J’ai relaté ces événements dans mon roman « Le Château des Véraliens ». Ce fut un plaisir de raconter cette magnifique histoire dans laquelle vous avez pris une part extrêmement active. Vous n’étiez pourtant pas concernée au départ, personne n’avait de vindicte contre vous, vous viviez paisiblement. Vous avez malgré tout préféré quitter le confort d’une vie simple pour vous joindre à Rony et ses amis et combattre le système d’oppression qui s’était abattu sur le pays.
Balia : Balia porte son aide à ceux qui en ont besoin. Rony était pris en chasse par les gardes chargés de le retrouver et de l’emprisonner à nouveau. Balia vivait seule dans la forêt, elle ne connaissait ni les uns ni les autres. Mais elle sait reconnaître un coeur juste et une traque qui ne devrait pas être. Alors, Balia est intervenue et a modifié le cours des événements.
Patrick Huet : C’est tout à votre honneur.
Balia : Si Balia ne connaissait pas l’oppression que subissait le reste du pays, c’est parce qu’elle vivait loin de tout, mais cela ne signifiait pas qu’il en aurait toujours été ainsi. Car un jour ou l’autre ils se seraient aperçu de son existence, il en aurait rapporté le fait à leurs supérieurs, et ils seraient revenus ensuite en grand nombre, lorsqu’ils auraient eu finir de mater les Réfractaires, ces résistants qui ne voulaient pas se soumettre à leur joug. Et même, à supposer qu’ils auraient laissé Balia tranquille à cause de son grand âge, elle n’auraient jamais pu se déplacer librement comme avant. Les gardes auraient patrouillé continuellement pour s’assurer que d’autres habitants ne se révoltent pas dans les villages des alentours. Laisser les gardes agir à ce moment-là, c’était les laisser très rapidement s’accaparer son territoire de vie.
En aidant Rony et ses amis à combattre l’oppression, Balia s’est aidée elle-même.
Elle a aidé à ce que son propre futur soit toujours paisible. Elle serait restée à l’écart, le monde aurait été submergé par les forces armées des Véraliens. Il n’y aurait plus eu aucun endroit où se réfugier. En se battant avec acharnement contre l’oppression, même si cela lui a demandé du temps et des efforts considérables, elle a fait en sorte de préserver sa liberté de mouvement pour toutes les saisons à venir.
Patrick Huet : Que diriez-vous à nos lecteurs qui seraient confrontés à de telles situations ?
Balia : Apportez votre aide à toutes les justes causes. Mais prenez d’abord le temps d’étudier les différents aspects de la situation afin de déterminer si ce que l’on vous rapporte est vrai, faux ou tronqué. Examinez bien la scène pour voir si l’on ne cherche pas à vous induire en erreur pour vous entraîner dans une voie contraire à ce qui était affiché au départ.
Le mieux pour cela et regarder quelles seraient les conséquences de tels ou tels actes s’ils étaient menés, et de décider en fonction de ce que vous préféreriez pour l’avenir. Parfois, c’est facile, comme dans le cas de Rony poursuivi par des gardes d’une armée d’occupation. Mais tout n’est pas aussi simple. Car lorsqu’on vit dans une société humaine, les gens sont aussi confrontés aux mensonges, à la trahison, à la diffusion de faits déformés qui n’ont d’autres buts que de vous mener à exécuter des actions qu’on a prévues pour vous.
Quoi qu’il en soit, ne laissez pas qu’un d’autre vous imposer le cours de votre vie. Même si c’est dur, même si les adversaires sont nombreux, même si le camp d’en face dispose de toutes les forces existantes. Même quand la situation semble désespérée, ne renoncez jamais. Refusez le chemin sur lequel on essaie de vous engager et suivez votre propre voie.
La vieille Balia qui a connu tant de saisons vous l’assure. Il y a une chose que l’adversaire ne possédera jamais, c’est la lumière qui brille au fond de vous. Qu’elle soit grande ou petite, elle ne s’éteindra jamais.
Rappelez-vous, aussi que vous créez votre futur par vos actions d’aujourd’hui. Et selon ce que vous faites aujourd’hui, ce futur sera bon ou pas.
Alors, Balia termine sur ces derniers mots. Quelle que soit l’âpreté de l’époque où vous vivez, vous pouvez créer un autre futur par vos actions d’aujourd’hui.
Quelle que soit l’âpreté de l’époque où vous vivez, vous pouvez créer un autre futur par vos actions d’aujourd’hui.
Patrick Huet : Balia, je vous remercie pour cet entretien et pour ces paroles revigorantes. J’invite les lecteurs à suivre vos conseils et à découvrir vos aventures, vos talents et votre personnalité incroyable à travers le roman que j’ai eu le privilège de rédiger. Ils le trouveront à cette page « Le Château des Véraliens ». Merci encore Balia et bonne journée.
Célébrités de romans de Patrick Huet.
L’article ci-dessus entre dans la catégorie des interviews que l’écrivain entretien avec les personnages de ses romans. Questions et réponses sont donc entièrement rédigées par l’auteur, mais les réponses sont écrites selon le caractère et la personnalité que l’auteur a donnés à ses personnages.
Une rencontre (littéraire) de l’auteur avec ses personnages.
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