La Seine portait autrefois le nom d’une déesse résidant aux sources de la Seine dont le nom est Séquana.
Une déesse tombée dans l’oubli pendant près de mille ans et dont le domaine, englouti sous les coulées de boue au fil des inondations, fut redécouvert lors de fouilles archéologiques au XIX° siècle.
Pourquoi cette interpellation des journalistes ?
Eh bien, parce que, comme voici une dizaine d’années, des journalistes peu soucieux de recherches et d’investigations publient dans de grands médias des idioties complètes au sujet de l’origine de Séquana (qu’on orthographie aussi sans accent, Sequana).
L’une d’elles étant que Séquana serait la fille de Bacchus.
Rien que cette affirmation signe le fait que le journaliste en question n’a effectué aucune recherche sur Séquana, mais qu’il s’est contenté de regarder rapidement quelques sites internet qui, eux-mêmes, ont copié une fausse information provenant de quelqu’un qui, pour remplir son site (au tout début d’Internet) a raconté n’importe quoi.
Que s’est-il passé ? Qui est Séquana ?
Ce qui s’est passé, c’est que Séquana a été redécouverte au XIX° siècle. Auparavant personne n’avait entendu parlé de Séquana en tant que déesse, son nom était tombée dans l’oubli.
Mais, en 1788, un écrivain, Bernardin de Saint-Pierre a imaginé une histoire dans laquelle il faisait intervenir une nymphe qu’il avait baptisée nymphe de la Seine (attention, pas Séquana que personne ne connaissait, personne n’imaginait en 1788 qu’il existait jadis une déesse de la Seine). Pourquoi nymphe de la Seine ? Parce que tout simplement c’était la mode des nymphes. On avait même inventé une « nymphe des Tuileries », c’est vous dire !
Et dans son roman, Bernardin faisait dire par un des personnages que la Seine était autrefois une nymphe, fille de Bacchus, et que ce denier l’avait changée en fleuve.
*** J’ai publié un petit ouvrage qui explique cela en détail : Séquana, nymphe ou déesse de la Seine ? Vous y trouverez des informations très intéressantes à ce propos.
Pourquoi cette confusion ?
La raison est facile à déceler pour quiconque connaît un peu la situation.
Au début d’Internet, les créateurs de sites voulaient offrir les contenus les plus globaux pour capter les auditeurs. Or, les concepteurs d’un site consacré aux dieux et aux déesses n’avaient strictement rien concernant Séquana. Et pour cause : son nom avait été rayé de l’imaginaire populaire (voir à ce sujet le livre : le fabuleux passé des sources de la Seine)
Alors, comment donner une information quand on ne dispose de rien ?
Au lieu d’entamer de vraies recherches (ce qui exige un certain temps), ils ont opté pour la facilité. Prendre un court passage (2 lignes pas plus) d’un roman au sujet d’une nymphe de la Seine imaginaire. Ensuite ils ont mélangé « nymphe de la Seine » avec « déesse de la Seine » pour créer une confusion entre les deux personnages. Et finalement ils ont prétendu que Séquana, c’est la nymphe de la Seine.
Et hop le tour est joué !
Depuis, comme cela se pratique couramment sur Internet, tous les sites se targuant de donner des informations « historiques » sur le nom de la Seine ou sur la déesse de la Seine, reprennent cette fausse affirmation.
Quant aux journalistes peu exigeants, relevant la même information sur plusieurs sites, que font-ils ? Ils se disent « bon, plusieurs sites répètent la même chose, donc c’est qu’elle doit être vraie. » Et ainsi ils se font le relai d’une fausseté sans réfléchir plus avant.
Journalistes sérieux : faites bien la différence entre « nymphe de la Seine », « déesse de la Seine » et Séquana !
N’hésitez pas à entreprendre des recherches pour apporter à vos lecteurs une véritable information à ce sujet.
Je reste à votre disposition pour répondre à vos questions. Dans l’intervalle, je vous propose de commencer votre étude par cette rubrique que j’ai ouverte sur mon site patrickhuet.net, à cette page : l’univers de Séquana.
Bonne lecture.
Auteur : Patrick Huet.
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