En exclusivité pour vous : un très long extrait d’une des histoires les plus drôles de « Clémentine la petite savante » .
Plusieurs pages de lecture ébouriffante et pleines d’humour et de fraicheur !
Quelques explications sur Clémentine, l’héroïne de cette histoire.
Comme vous le savez, Clémentine est une petite fille qui rêve de devenir plus tard une grande savante. Mais pour le moment, c’est encore une toute petite fille qui vient juste d’apprendre à lire. Ce qui ne l’empêche nullement d’entreprendre mille et une inventions les plus extraordinaires qui soient.
Malheureusement, si ses inventions arrivent parfois à fonctionner de la façon la plus magnifique, elles ont une fâcheuse tendance à finir en catastrophe pour son entourage.
Mais aujourd’hui, ce sera différent.
L’invention qu’elle s’apprête à réaliser va charmer tout le monde, elle en est certaine. Car elle vient d’imaginer un moyen fantastique pour que les poules pondent des oeufs en chocolat.
Note. Pour en savoir plus au sujet de Clémentine, voir la rubrique : L’univers de Clémentine.
Et pour votre plaisir, voici les premières pages de cette savoureuse histoire de poule et d’oeufs en chocolat.
(Note 2. Si vous souhaitez reproduire le texte ci-dessous, sachez que de courtes citations sont autorisées. Mais pour le texte complet, contactez d’abord l’auteur pour obtenir son autorisation écrite.)
Début de l’histoire.
C’était un matin rayonnant que ce mercredi-là, aussi rayonnant que le sourire de Clémentine quand elle se réveilla les yeux étincelant de bonheur et d’excitation.
En effet, le dimanche suivant, ce serait le jour de Pâques. Une fête de printemps, mais aussi une fête pour les amateurs de chocolat.
Depuis deux semaines déjà les vitrines des boulangers, des pâtissiers, des confiseurs s’ornaient de figurines alléchantes. De jolies petites poules en chocolat entourées de leurs oeufs enveloppés dans du papier brillant et que Clémentine savait également remplis de chocolat.
Elle en avait d’ailleurs rêvé la nuit, de même que des cloches, des lapins, sans oublier de minuscules oeufs en sucre. De quoi enflammer son imagination.
À peine réveillée, un projet merveilleux avait surgi de ses rêves chocolatés. Elle s’habilla à la hâte et se précipita dans la salle à manger. Le petit déjeuner lui parut d’une lenteur impossible tant elle était pressée de rejoindre Ariane, sa voisine, autant que sa meilleure amie et sa fidèle assistante dans chacune de ses inventions. Car, Clémentine n’était pas une petite fille ordinaire, elle était animée d’un grand objectif, devenir plus tard une savante. Entre-temps, elle se lançait dans les plus merveilleuses inventions que son esprit imaginait. Et si beaucoup se terminaient en catastrophe, quelques-unes d’entre elles fonctionnaient réellement.
Pas de chance, ce matin-là ! Ariane était de sortie. Sa maman lui apprit qu’elle ne reviendrait que l’après-midi.
Clémentine bouillait d’impatience. Cependant, elle ne perdit pas son temps à se lamenter. Elle mit à profit ce délai pour se livrer à des recherches hautement scientifiques. Sa maman voulut savoir pourquoi elle se plongeait avec tellement d’enthousiasme dans ses livres de cuisine, dans les encyclopédies, ou encore dans de vieilles revues destinées à la poubelle. Clémentine répondit par un « j’apprends ce qu’il y a dedans », tout en découpant des photos des magazines pour les coller dans son cahier de brouillon.
Après le repas de midi, qui lui parut également interminable, elle courut de nouveau chez sa voisine.
« Ariane, viens vite !» cria-t-elle par la fenêtre ouverte en cette belle et chaude journée.
Une tête brune apparut dans l’embrasure.
« Clémentine, c’est toi ?
— Viens vite ! C’est extra, méga génial ! »
Autant de termes grandioses avant le mot « génial », c’est que l’affaire devait être véritablement fantastique. Ariane n’attendit pas une minute de plus.
Une fois dehors, son amie la prit par la main et la tira à l’écart.
« J’ai trouvé une idée d’invention qui va t’ébouriffer les cheveux jusqu’aux sourcils.
— Jusqu’aux…
— Oui. Écoute un peu ! Je vais inventer une poule qui pond des oeufs en chocolat pour Pâques.
— Mais les poules ne pondent pas des oeufs en chocolat. Elles pondent des oeufs qui cassent pour faire des omelettes ou des mouillettes.
— C’est pour cela que je vais en inventer une. »
Ariane ouvrit de grands yeux. Une poule qui pondrait des oeufs en chocolat, rien qu’à cette idée son regard palpitait déjà de gourmandise.
« Je veux être avec toi pour cette invention, Clémentine.
— Merci, Ariane. Toi, la première et la plus grande assistante scientifique, tu auras le droit de goûter avant tout le monde ces oeufs en chocolat.
— Par quoi commençons-nous ? »
Clémentine lui répondit qu’il leur fallait d’abord une poule. Ce qui ne lui posait pas de problème particulier puisqu’elle connaissait un endroit où il en venait régulièrement.
« Allons au parc ! Nous en attraperons une aussi facilement que l’on ramasse des champignons. »
L’affaire paraissait d’une facilité enfantine. Toutefois, en cet après-midi aucune poule ne batifolait ni dans les allées, ni sur les pelouses, et encore moins sur le plan d’eau. Ce qui, pour ce dernier point, était parfaitement normal, puisque les poules n’aiment pas beaucoup se baigner. D’ailleurs, personne ne les a jamais vu nager ni sur une mare ni sur une rivière.
« Oh ! Il y a des canards sur la mare. Et si nous en attrapions un ? Cela remplacera la poule.
— Ah non, les oeufs de canards ça ne vaut pas les oeufs de poule, affirma Clémentine. Les vrais oeufs de Pâques sont des oeufs de poule. »
Les minutes défilaient et toujours pas de poules vagabondes à l’horizon. Elles arrivèrent bientôt devant l’enclos des autruches. Les pupilles de Clémentine pétillèrent de joie.
« Eh ! Une autruche c’est comme une grosse poule. Puisque nous n’avons rien d’autre et que les autruches ont l’air de s’ennuyer, c’est l’occasion de les occuper en leur faisant pondre des oeufs de Pâques.
— Tu crois, vraiment, hésita Ariane en repensant à une mésaventure où elles étaient poursuivies par le troupeau.
— Bien sûr. C’est même une idée extra-géniale.
— La dernière fois, elles nous ont courues après.
— Parce qu’elles étaient encore sauvages. Mais aujourd’hui, nous allons les apprivoiser. »
Devant la réticence de son amie, Clémentine avança l’argument final.
« Imagine les oeufs énormes qu’elles pondent ! Tu auras un oeuf en chocolat plus gros que ta tête. »
Vue sous cet angle, l’aventure était plus que tentante. Devant une gourmandise d’une telle ampleur, le danger s’évaporait immédiatement. Le chocolat a toujours donné du courage.
Voilà donc les deux amies postées près de l’enclos des autruches. Comment les apprivoiser maintenant ? Heureusement, l’esprit de la petite savante ne manquait jamais de solutions.
« Nous les apprivoiserons par des miettes de pain. J’ai apporté mon goûter dans mon sac à dos pour attirer une poule, car elles adorent les miettes de pain. »
En cela, Clémentine avait entièrement raison. Les poules raffolent effectivement de petits bouts de pain. Elle ignorait cependant que les poules de deux mètres de haut sont davantage attirées par les « grosses miettes » que par les petites, notamment par les miettes de la taille d’un goûter entier.
Aussi, quand elle lança dans le parc une poignée de mie en amadouant les autruches par des « petits, petits… venez ici les mignonnes ! », elle eut la surprise de les voir se précipiter, non sur les minuscules miettes tombées sur la pelouse, mais sur ce qu’elle tenait dans la main pour le lui arracher.
Avant même qu’elle ne pensât à réagir, son goûter virevoltait de bec en bec, l’autruche voleuse se faisant dérober à son tour le goûter par une autre qui décampa, poursuivie par toute la troupe de volatiles affamés.
Adieu goûter, adieu autruches, et surtout adieu à l’énorme oeuf en chocolat qui avait brillé dans le rêve des deux filles. Un moment dépitée, Clémentine se ressaisit.
« Bon, finalement, les autruches ce n’était pas une bonne idée. Et puis, comment aurais-je pu la ramener à la maison sans corde pour l’attacher autour du cou ? »
Par bonheur, la chance lui fut bientôt favorable sous les couleurs d’un beau plumage roux. Là-bas, près d’un buisson, une jolie poulette picorait le sol sans se soucier de ce qui se déroulait alentour. Les deux amies s’approchèrent en catimini derrière le buisson, puis sur un geste de Clémentine, bondirent sur la poule. Cette dernière n’eut pas le temps de s’échapper. La petite savante et son assistante la tenaient fermement contre leur poitrine.
« Elle a des plumes magnifiques,
— Oui, Ariane. C’est un indice qu’elle donnera de bons oeufs.
— Comment en avoir, maintenant ? En la secouant, et les oeufs vont tomber ?
— Non. Il lui faut un nid. Ensuite, nous lui appliquerons ma formule secrète. J’ai étudié les livres de cuisine de ma mère ce matin, et des quantités de vieux magazines. J’ai trouvé la solution. »
Ariane suggéra de fabriquer un nid en plein milieu de l’arbuste près d’elles. Ou peut-être au fond du parc, là où s’assemblaient souvent les pigeons et les canards. Au moins, elle aurait de la compagnie pour cot-coter tranquillement.
Clémentine balaya cette proposition. Quand la poule pondrait, n’importe qui pourrait ramasser les oeufs et partir avec. Quant aux canards, qui sait s’ils n’aimaient pas eux aussi le chocolat ? Dans ce cas, ils s’en régaleraient avant même qu’elles ne viennent les récupérer.
« J’ai une meilleure idée, conclut la petite savante. Je la garderai chez moi, dans ma chambre. Comme cela, si elle a besoin de quelque chose, je serais juste à côté.
— Tu crois que ta mère sera d’accord ?
— J’en suis sûre, une poule, c’est gentil. Elle sera d’accord, mais après.
— Après quoi ?
— Après que la poule aura pondu. »
Comme Ariane ne comprenait pas, Clémentine lui expliqua. Elle comptait offrir à son père et à sa mère, le jour de Pâques, un oeuf chacun. Ce serait un cadeau fabuleux. Ils en seront tous les deux émerveillés. Toutefois, pour que la surprise soit totale, ils ne devaient rien savoir de son invention avant le jour de Pâques. La poule devait donc rester cachée dans sa chambre jusqu’à dimanche matin.
Ariane s’inquiéta. La poule pourrait-elle produire suffisamment d’oeufs pour que chacun ait le sien ? Clémentine la rassura. Elle en pondrait tellement que le nid en déborderait.
Il s’agissait maintenant d’introduire discrètement la poule à son domicile, ce qui n’était la partie la plus facile de l’opération. Car en ce mercredi après-midi, sa maman était de repos et vaquait à différents travaux dans la pièce principale. Ah ! si seulement, elle faisait la sieste, cela les arrangerait beaucoup. Mais les mamans ne font jamais la sieste, et surtout pas un mercredi après-midi quand on a l’intention de faire entrer quelque chose en secret dans la maison.
Peut-être en cachant la poule dans le sac à dos ? Aussitôt dit, aussitôt fait ! Hop ! Les deux filles glissèrent la volaille dans le sac.
Celle-ci se débattit farouchement. Ce n’était pas une poule à se laisser emporter si facilement ! Quelques coups de bec sur les mains plus tard, elles réussirent à la pousser à l’intérieur et à le refermer. Hélas, le sac était fort petit. Pas un de ces grands sacs où l’on peut accumuler des effets en pagaille sans que cela se remarque. Non, celui-ci n’était qu’un sac d’enfants, et la poule à l’intérieur formait une bosse énorme.
« C’est visible à dix kilomètres à la ronde, observa Clémentine. Et ma mère qui a des yeux plus rapides qu’un rayon laser verra tout de suite qu’il y a quelque chose à l’intérieur.
— C’est sûr qu’elle voudra savoir ce qu’il y a dedans, renchérit Ariane. »
Comme on ne pouvait pas comprimer la poule, le problème paraissait insoluble. Les deux amies passèrent en revue les différentes possibilités d’une entrée discrète et n’en trouvèrent aucune. Même si elles essayaient de se faufiler par la fenêtre, elles seraient aussitôt repérées par le regard vigilant de la maman.
« Ce qu’il faudrait, déclara Clémentine, c’est une sorte de chose qui me cache depuis les épaules jusqu’à la hanche. Ah, si j’avais un sombrero ce serait facile ! Tu sais, ce sont ces énormes chapeaux des Mexicains, plus grands que des parapluies.
— Eh, Clémentine, j’ai quelque chose !
— Un sombrero ?
— Non, un éventail.
— C’est trop petit.
— Pas celui-là. C’est un éventail géant que ma mère a reçu un jour en cadeau. Quand on le déploie, il fait au moins un mètre de large.
— Ariane, tu es fantastique. Allons vite le chercher ! »
Clémentine attendit devant la maison d’Ariane pendant que cette dernière empruntait ce fameux éventail, assurant à sa mère de ne pas l’abîmer. Munies de leur précieux instrument, elles se précipitèrent ensuite vers le lieu du futur nid de la poule.
En les voyant pénétrer côte à côte dans le couloir, la maman de Clémentine leva un regard surpris. Ses yeux s’attardèrent un moment sur le large éventail qu’Ariane brandissait d’un air inspiré. Une bizarrerie qui ne manqua pas d’éveiller son attention.
« Bonjour, Ariane, c’est un bel éventail que tu possèdes là, il est resplendissant de couleurs et d’une taille imposante ?
— Oui. Ma mère me l’a prêté.
— Excellente idée. Mais tu n’as pas besoin de t’en servir ici, il ne fait pas si chaud que cela. Tu peux le refermer.
— Oh, non. J’ai très chaud.
— Ah ! Dans ce cas, ce n’est pas la bonne façon de s’en servir. Il faut le placer sur le côté pour t’éventer. Là, on dirait que tu le portes à bout de bras, et il gêne Clémentine. Ton éventail lui cache la moitié du corps.
— Oh non, maman. Moi aussi, j’ai chaud. Nous avons couru vite. »
La mère de la petite savante quitta son siège. Quelque chose dans cette subite envie de ventilation l’intriguait. Ce n’était d’ailleurs pas le seul point qui lui paraissait curieux. Un autre élément allumait une petite lampe d’alerte dans son esprit, cette lueur qui brillait dans les yeux de sa fille, une lueur qu’elle connaissait bien et qui était à l’origine de bon nombre de contrariétés.
« Alors comme ça, vous avez top chaud ? Susurra la maman en s’approchant. »
Ariane redressa l’éventail et le souleva jusqu’à leur menton pour éviter que le sac ne soit repéré.
« Je ne vois pourtant aucune goutte de sueur sur votre front, pas de rouge sur les joues. Pourquoi donc avez-vous si chaud, jeunes filles ?
— C’est la chaleur du coeur, s’écria Clémentine, épouvantée à l’idée que sa mère ne demande de baisser l’éventail.
— Oui, c’est ça, renchérit Ariane. La chaleur du coeur, du foie et aussi des genoux.
— Oui, maman, c’est pour cela qu’il faut qu’on s’assoie tout de suite.
— À cause de la chaleur des genoux ?
— Oui.
(A suivre…)
Où trouver l’histoire complète ?
Vous pouvez l’obtenir de deux façons. Soit sous forme papier, soit sous forme numérique.
La version numérique est disponible sur la boutique liée à ce site, à cette adresse : Clémentine.
La version imprimée est incluse dans le recueil « Farandoline de Pâques » disponible soit en librairie soit auprès de la plateforme d’édition, ici : Farandoline.
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