Roman La Perle de Lune – Chapitre 3

A lire gratuitement, le troisième chapitre du roman fantasy « La Perle de Lune » .

Dans ce chapitre, Petite Fleur des Champs part à la recherche d’Ailes d’Azur, une jeune fille aux longues ailes bleues qui appartient au clan du Peuple des Vents.

La Perle de Lune roman de Patrick Huet 40QElle a été capturée par un aventurier venu d’Atlantis dirigeant une troupe d’hommes-chacals et désirant lui arracher le secret d’une Perle de puissance appelée la Perle de Lune.

N. B. Pour ceux qui ne connaitraient pas encore ce roman, voici un lien conduisant vers le premier chapitre  (y figure aussi la présentation de cette histoire). « La Perle de Lune – chapitre 1 » .

Ce roman appartient au genre « Fantasy » , plus précisément « heroic fantasy » nommé aussi Littérature de l’imaginaire.

Auteur : Patrick Huet.

Titre de ce troisième chapitre : Courses-poursuites.

(Texte sous copyright. Ne peut être reproduit qu’avec l’autorisation de l’auteur.)

Plan de cette page.

1- Lecture gratuite sur ce site – explications.

2- Au sujet du copyright.

3- Début de la lecture.

4- Achat du livre papier.

Pour ceux intéressés., voici le lien : « roman fantasy » .

5- Autres livres à lire gratuitement.

1- Lecture gratuite sur ce site – explications.

Patrick Huet, écrivain et romancier, est l’auteur de nombreux romans dans des genres très variés : humour, aventure, jeunes adultes, fantasy, science-fiction.

Les lecteurs ne connaissent souvent qu’une seule facette de ses écrits. Pour leur permettre de découvrir d’autres aspects de sa gamme d’écriture, il a décidé de mettre à leur disposition plusieurs de ses œuvres en lecture gratuite.

Ces romans sont diffusés ici par chapitre pour que leur accès vous soit plus facile.

2- Au sujet du copyright.

La lecture des romans diffusés sur ce site est totalement gratuite, mais bien sûr leur reproduction est interdite sauf autorisation de l’auteur.

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Exception pour les enseignants.

Patrick Huet autorise les enseignants à diffuser auprès de leurs élèves tout ou partie de ces chapitres, à la seule condition que ce soit dans un cadre scolaire et gratuitement.

3- Début de la lecture. Ici, commence le chapitre 3.

(Texte sous copyright. Ne peut être reproduit qu’avec l’autorisation de l’auteur.)

Courses-poursuites.

Les traces autour du vieux chêne montraient que la troupe de Coeur De Fiel avait campé là. Les ramures prodigieuses de l’arbre leur avaient offert un abri incontestable contre l’ouragan. Ils y avaient passé la nuit puis déjeuné. Leur départ datait du début de la matinée.

Tout cela elle le lisait sur le sol. Un demi-matin de course la séparait d’Ailes d’Azur, à elle de faire en sorte que cette distance se creusât le moins possible.

Elle s’élança en trottinant sur la piste encore fraîche. Elle pouvait courir ainsi des jours entiers, sans forcer l’allure ni ralentir.

De l’autre côté du ruisseau, la piste s’enfonçait toujours davantage dans le bois. Cette constatation l’emplit de joie. Dans la forêt, il était impossible de mener des chevaux au galop. C’était un point encourageant. En outre, maintenant qu’il avait retrouvé sa prisonnière, Coeur de fiel n’était plus pressé — son camp de la nuit dernière le prouvait. Un homme aux abois serait parti malgré la tempête. Il établirait donc un nouveau campement au crépuscule. Et là, elle le rattraperait.

Sur cette pensée, elle continua de trottiner, suivant exactement la piste de la troupe à cheval.

La journée s’allongea. Pas un moment, le rythme de Petite Fleur Des Champs ne faiblit. Ses enjambées étaient toujours identiques — ni trop longues, ni trop courtes — et son souffle régulier. La fraîcheur du sous-bois l’aidait dans sa cause, atténuant la température de son front. Elle courait dans des conditions idéales. Ses joues pâles s’étaient teintées d’un rose vif sous son effort continu, indice d’une santé florissante et de vigueur physique.

Comme elle traversait une clairière, des reliefs de nourriture appelèrent son attention. De nombreux sabots en avaient marqué le sol et des empreintes de bottes s’y détachaient en quantité.

La troupe de Coeur De Fiel s’était arrêtée ici et avait festoyé. Leur halte s’était prolongée, car la nouvelle piste était plus fraîche que la précédente. Un sourire éclaira son visage carminé. Elle ne doutait plus de les rejoindre à présent.

Elle allait se relever quand le sentiment de ne plus être seule en cet endroit la fit se retourner brusquement.

La forêt derrière elle était vide. Des troncs brun sombre cernaient la clairière pareils à des piliers. Des buissons en emplissaient les espaces libres. Une troupe entière pouvait se dissimuler derrière ces écrans épineux sans qu’on la repére.

Elle se tint aux aguets. La sensation d’être épiée avait été si vive qu’elle en ressentait encore le frôlement sur sa nuque. Cependant, elle eut beau tendre son oreille et affûter son regard, elle n’entendit rien de suspect sinon les bruits ordinaires de la forêt, et ne vit rien de vivant sinon une bande de moineaux caracolant dans les broussailles, un couple de merles se charmant mutuellement d’arpèges musicaux et un vieil hibou endormi sur la haute branche d’un peuplier.

Secouant la tête, elle s’arracha de son inspection et reprit sa poursuite. La nouvelle piste s’avéra également facile à suivre. Les chevaux avaient dégagé un large sentier dans leur avance, brisant et piétinant arbustes et végétation sur leur passage. Elle progressait donc dans un chemin déjà préparé et libre de toute liane ou branche.

Elle courait à son habitude, adoptant la cadence régulière d’un trottinement rapide. De boueuse, la terre s’était raffermie. L’orage de la veille avait juste effleuré cette zone avant de se déplacer vers l’est. Elle en eut bientôt la confirmation quand ses pieds foulèrent un terrain élastique mais sec. Ses bottines se reposaient sur le tapis épais de l’humus avec la légèreté habituelle des coureurs des bois et la souplesse du félin.

En dépit de son cheminement silencieux, elle se savait suivie. Plus d’une fois, elle avait senti peser sur son dos le faisceau désagréable d’un regard fourbe sans rien découvrir d’autre qu’une suite d’arbres et de buissons. Cette énigme l’irritait. Il lui déplaisait hautement d’être ravalée au rang de gibier. Et la perspective d’une attaque-surprise ne l’enchantait en aucune façon.

À un moment pourtant, elle crut mettre la main sur son mystérieux poursuivant. La brise venait de changer de direction. Elle lui apporta une odeur musquée, aussi étrangère aux senteurs habituelles d’une forêt qu’un caillou au milieu de diamants. Sa volte-face prit l’être inconnu en défaut. Elle eut la vision fugace d’une ombre fauve se jetant avec la promptitude d’un éclair derrière les taillis épais.

Le fait se déroula si vite que son oeil n’enregistra qu’une forme gigantesque disparaissant comme par magie dans la pénombre du sous-bois.

Quel que fût cet animal, elle était décidée à le mettre en déroute. C’était une Inikawas, une chasseresse, une libre fille des bois et des prairies, pas un gibier que l’on traque et que l’on abat par surprise. Si un fauve était tapi là, désireux de la prendre pour repas, elle l’affronterait. Elle ne recherchait pas le combat, mais s’il fallait défendre sa vie, autant que ce soit ouvertement plutôt que de fuir et de s’écraser visage contre terre et les griffes d’un tigre plantées dans le dos.

La main serrée sur le tomahawk, elle avança prudemment avec une économie de mouvement et une souplesse extraordinaire. Les sens en alerte, elle surveillait le moindre balancement anormal. La forêt semblait retenir son souffle, même la brise était tombée dans une attente angoissée.

Pourtant, lorsqu’elle dépassa le rideau de ces arbres, juste là où s’était tenue l’ombre jaune, elle ne vit rien. Elle scruta la forêt. Elle ne lui renvoya qu’une suite irrégulière de troncs bruns, certains énormes, d’autres plus modestes, le tout mêlé d’arbustes en croissance, de ronciers et de broussailles. Aucune forme insolite ne s’y détachait.

Plus étrange encore, au pied de l’orme, là où le fauve aurait dû se tapir, elle ne relevait aucune empreinte. Une masse aussi imposante que celle qu’elle avait entrevue aurait dû pourtant y imprimer une marque à sa taille. Il n’en était rien. Des feuilles arrachées par la tempête jonchaient le sol ; pas une d’entre elles n’avait été déplacée. Du plus loin que portait sa vision, le sous-bois était vierge de traces de pas ou de griffes. Par acquit de conscience, elle examina la piste qu’elle venait suivre. Elle n’y découvrit aucune anomalie, seule l’empreinte de ses bottines s’était ajoutée à celles des sabots des chevaux.

Incapable d’expliquer ce mystère, elle reprit sa course trop longuement interrompue. Ailes d’Azur n’était pas très loin devant elle et toujours prisonnière. Elle ne la délivrerait jamais si elle se laissait distraire.

Comme elle s’enfonçait à nouveau dans les bois, deux bras d’une épaisseur formidable et une tête bestiale à la mâchoire prognathe surgirent au fait de l’orme, soixante coudées au-dessus des fourrés. Le corps entier de l’animal était recouvert d’une toison jaune et courte. Ses yeux brillèrent d’un éclat fauve en voyant la robe de daim disparaître. Il retroussa ses babines proéminentes puis, usant d’une agileté remarquable pour un être de cette taille, se balança d’une branche à une autre à la suite de la fillette.

Sa mince intelligence lui fit comprendre son erreur. Jamais il n’aurait dû descendre dans les basses branches de l’orme, au niveau des broussailles. N’eût été l’épaisseur du tronc, la petite humaine l’aurait découvert alors qu’il se propulsait au sommet de l’arbre. Cet épisode lui servirait de leçon. Désormais, il se déplacerait uniquement dans les hautes ramures de la forêt, à l’abri des regards venant du sol.

*

* *

Depuis un moment déjà, les ombres de la nuit avaient étendu leur voile sur le pays quand Petite Fleur Des Champs respira soudain une odeur de viande grillée et de cendre. Elle s’était restaurée des quelques fruits glanés au hasard de sa route et se croyait rassasiée. Mais le fumet alléchant lui mit l’eau à la bouche.

Cependant, il n’était pas question d’entamer un quelconque repas. Cette odeur provenait du devant de la piste et donc, forcément, des ravisseurs d’Ailes d’Azur. Ombre parmi les ombres, elle se faufila avec l’aisance de la panthère entre les bosquets désormais espacés. Les arbres se raréfiaient, les herbes se montraient plus audacieuses, ces particularités indiquaient la fin de la forêt.

Des bruits de voix la figèrent sur place. Elle s’assura que le vent soufflait dans le sens contraire de celui de sa direction, puis rampa dans les herbes sauvages.

Elle ne s’était pas trompée. À une portée de flèches de là, juste à la lisière de la forêt, Coeur de fiel avait établi son campement. Un feu de bois ronflait dans la nuit. Autour de lui se recroquevillait la quinzaine d’êtres au corps d’homme et à la tête de chacal de la troupe. Les chevaux retenus à l’écart broutaient calmement sous le ciel paisible de la prairie.

Son regard glissa sur ces détails pour s’immobiliser sur la frêle créature aux ailes bleues attachée à un arbuste, les mains en arrière. Elle paraissait fragile parmi ces êtres frustes et ses traits creusés par la fatigue exprimaient la peur et le désespoir.

Face à cette enfant au seuil de l’adolescence, un homme aux épaules larges et à la mine cruelle dressait sa haute taille. Le visage sombre et sévère ne laissait espérer aucune mansuétude et dévoilait les sentiments brutaux qui l’animaient. La voix de Coeur de Fiel érailla la nuit.

Apprends-moi le secret de la Perle De Lune et tu recouvriras la liberté.

Non !

Les mâchoires crispées par la colère, il reprit.

Tu es jeune, Ailes d’Azur, très jeune. Il serait dommage que toi, une fille du Peuple des Vents, finisse comme une vulgaire esclave dans les bas-fonds d’Atlantis. Car c’est cela qui te guette si tu persistes dans ton refus. Réfléchis à cela ! Je t’ai enlevée à ton peuple, d’accord, mais tu le rejoindras vite par la voie des airs. D’autant plus vite que tu auras fait preuve de bonne volonté. Pour cela, je ne te demande pas grand-chose, simplement de m’indiquer où se trouve la perle De Lune et de m’en apprendre le secret.

Non, tu n’en es pas digne !

La main de Coeur De Fiel fouetta dans le silence de la nuit. Elle frappa si violemment la joue d’Ailes d’Azur que sa tête accomplit un quart de tour. Les yeux semblables à des braises, l’Atlante éructa.

Dis-moi le secret de la Perle De Lune, dis-le-moi ou, par le démon, je t’arrache tripes et boyaux !

Étourdies par le coup de son ravisseur, Ailes d’Azur n’arrivait plus à parler. Elle se contenta de secouer la tête. Le message était clair, elle refusait. Un sourire glacial remplaça la colère noire de l’homme d’Atlantis. Il donna le frisson à la petite Inikawas. Elle rampait toujours en silence, avançant pouce par pouce, de telle façon que le balancement des tiges d’herbes lors de sa progression ressemblât à celui provoqué par la brise. Son regard ne quittait pas Ailes d’Azur et son ravisseur, si anxieuse qu’elle était.

Son appréhension, hélas, était justifiée. Guidé par la voix de la férocité, Coeur De Fiel ne reculait devant aucune vilenie.

À l’aide d’une paire de pinces, il retira du feu un morceau de métal brûlant. De nouveau, un sourire bestial déforma son faciès. L’homme jubilait à la pensée de ce fer rouge calcinant la peau fine de sa prisonnière.

Autour du foyer, les chac-hommes se délectaient à l’avance du spectacle. Des langues râpeuses passaient et repassaient entre les crocs, sur des babines noirâtres. Conscient de leur attention et de leur attente, Coeur De Fiel approcha lentement le fer rouge du visage paniqué d’Ailes d’Azur tout en lui sermonnant d’une voix faussement doucereuse.

Pour la dernière fois, Ailes d’Azur, dis-moi le secret de la Perle de Lune et dis-moi où la trouver. Ou j’aurais le plaisir de te griller petit à petit.

L’épouvante se lisait dans les prunelles bleues. Sa gorge était si contractée qu’elle libéra un « non » presque étouffé.

Alors, tant pis pour toi, pauvre folle ! Bientôt, tu crieras grâce.

Les tenailles s’abaissèrent à vive allure vers le front d’Ailes d’Azur. Les chac-hommes et leur maître se réjouissaient déjà du grésillement et du hurlement qui allait survenir. Le choc métallique qui vrilla soudainement dans leurs tympans les stupéfia. Interdits, ils ne comprirent pas immédiatement que les tenailles et le fer rouge, frappés par un tomahawk, avaient été projetés au loin. Pas plus qu’ils ne reconnurent à qui appartenait cette longue chevelure brune qui volait vers Ailes d’Azur comme un voile de brume.

À l’instant même où ses ennemis réagirent, Petite Fleur Des Champs récupéra son arme favorite. Tomahawk en main, elle s’élança vers l’arbuste dans la ferme intention de trancher les liens de la fille bleue. La tentative était vouée à l’échec. Les chac-hommes, invectivés par leur maître, la cernaient.

Je la veux vivante ! ordonna-t-il.

Les créatures semi-humaines s’emparèrent de gourdins et attaquèrent ensemble. Les coups pleuvaient dru. Elle avait beau être résistante et d’une vivacité extraordinaire, elle ne parvenait pas à les dévier tous. Son bras gauche et sa hanche en avaient déjà reçus plusieurs qui lui faisaient un mal terrible. Elle se démenait cependant telle une furie, le dos à l’arbuste, le tomahawk balayant l’espace. Malgré sa vaillance, elle ne pouvait résister longtemps. Un coup plus fort que les précédents fit voltiger son arme. Son poignet vibra de douleur, inutile et sans force.

Des mains l’agrippèrent, on la secoua, la malmena. Elle fut traînée devant Coeur De Fiel. Deux chac-hommes la maintenaient solidement par un bras, l’empêchant de fuir.

Un feu de glace luisait dans le regard mauvais de Coeur De Fiel.

La sauvageonne sait se défendre, on dirait ! railla-t-il. Avec de l’entraînement, on en ferait une bonne recrue pour nos combats d’Atlantis. Aucun gladiateur femme ne s’est jamais produit dans les arènes, ce serait un beau divertissement. Le peuple atlante apprécierait.

Il l’examina attentivement, du front qui se tenait droit jusqu’à la taille prête à se mouvoir et à se libérer à la moindre occasion.

Un peu mince, peut-être, mais robuste. Dis-moi, sauvageonne, connais-tu la ville d’Atlantis et ses célèbres écoles de gladiateurs ?

Aucun signe de réponse ne se manifestant, il continua de pérorer.

C’est la capitale du royaume d’Atlantide, le principal lieu de dressage des gladiateurs. Ceux qui y sont passés en gardent un souvenir terrible. Ce sont des esclaves que l’on élève depuis l’enfance, à coups de fouet pour en faire des combattants. Ils sont voués à toutes les vexations, à tous les sévices de la part de leurs instructeurs. Peu d’enfants survivent à ces conditions et ceux qui ne sont pas morts avant leur âge adulte ne vivent jamais non plus très vieux. Un bon gladiateur peut vaincre une attaque de trois lions dans une arène, armé d’un bouclier et d’une hache, il est rare qu’il y arrive une deuxième fois, et personne n’a survécu à trois combats d’affilés.

Un rictus malsain découvrait ses dents longues. Coeur De Fiel s’amusait à prolonger le suspens.

C’est le sort qui t’attend, sauvageonne. A moins, évidemment, que tu me racontes par le détail ce qui te pousse ainsi à braver mes hommes. C’est la Perle De Lune, n’est-ce pas ? Ailes d’Azur t’en a parlée la nuit dernière avant mon intervention. Que t’a-t-elle dit exactement ? Que sais-tu à ce sujet ? Parle ou tu connaîtras les arènes d’Atlantis et la dent des fauves !

Le visage fermé, Petite Fleur Des Champs le toisa en une expression froide de mépris. L’atmosphère se tendit. Quelque part, à proximité, le hululement plaintif d’un hibou irrita les nerfs.

Je ne sais rien de cette Perle, finit par répondre la fille des plaines. Mais si j’en avais eu une quelconque connaissance, jamais je ne t’en aurais fait part ! Toi et tes hommes chacals pouvez bien montrer les dents. Pour avoir voulu torturer Ailes d’Azur, vous ne valez pas mieux que la plus affreuse sangsue dans le plus puant des marécages.

La réplique cingla le tortionnaire jusqu’au sang. D’un revers de la main, il la gifla à toute volée. Il s’attendait à la voir pleurer ou crier grâce ; c’était mal la connaître. Qu’un ennemi l’agresse et elle ripostait immédiatement, sans appréhension quant à la taille et à la force de son adversaire. À son dépit, l’Atlante découvrit le caractère rétif de sa prisonnière. Prenant appui sur les bras de ses deux gardiens, elle se souleva subitement et envoya ses jambes droit sur Coeur De Fiel.

Elle agit si promptement qu’il ne s’aperçut de l’attaque qu’en recevant les pieds de sa captive violemment dans l’estomac. Le souffle coupé, il se plia en deux, aspirant par saccades des bouffées d’air frais. Il leva sur Petite Fleur Des Champs un visage congestionné. Un masque de haine s’était plaqué sur sa face.

Qu’on l’attache avec l’autre, aboya-t-il entre deux respirations haletantes ! Elle va connaître les joies de la torture. Par les crocs de la vipère, cette démone finira par hurler de souffrance ou je ne m’appelle plus Coeur De Fiel !

Des cris d’allégresse échappèrent aux chac-hommes à cette pensée. Vite, on traîna la victime désignée vers ce qui servirait de poteau de torture. La rage s’était emparée de la fille aux bruns cheveux. Une panthère blessée ne se serait pas débattue avec autant de vigueur. Des bras solides la maîtrisèrent, la plaquèrent contre l’arbuste à l’opposé d’Ailes d’Azur et l’y lièrent. Quelques griffes et coups de poing divers la saluèrent au passage.

Les yeux brillants de colère, elle fixa l’affreuse compagnie qui la huait. Une joie mauvaise s’étalait sur les faciès aux canines proéminentes. Coeur De Fiel lui-même, bien que possédant un corps entièrement humain, paraissait aussi bestial que ses serviteurs.

Les doigts de Petite Fleur Des Champs touchaient ceux d’Ailes d’Azur. Ils étaient brûlants. De fièvre ou de peur, ou encore de ces deux sentiments à la fois. Le regard de la fille bleue avait vu le fer rougi par le feu descendre à deux pouces de son visage. Une telle horreur ne laissait pas indifférent !

La petite Inikawas ne songeait pas qu’elle-même aurait à affronter la brûlure de ce fer dans peu de temps. En chasseresse née, elle soupesait déjà chaque détail susceptible de l’aider à s’échapper. En dépit des liens qui lui mordaient les poignets et des chac-hommes qui la surveillaient d’un oeil vif et lui interdisaient toute évasion, elle cherchait ardemment un moyen de se libérer.

La lame de son tomahawk brilla dans le coin de sa rétine. Elle gisait sur le flanc non loin des pieds d’Ailes d’Azur. Cette dernière aurait pu l’atteindre du bout des orteils et s’en approprier, mais la fille ailée ne l’avait pas repéré, trop captivée par la vision de sa compagne de vol aux prises avec le cruel Atlante.

Le tomahawk, murmura-t-elle dans un souffle. Essaie de l’attirer sans te faire remarquer.

Le hululement d’un hibou perché sur la branche d’un grand hêtre éclata au même moment. Elle ne sut si Ailes d’Azur avait saisi son appel et ne put le renouveler. Coeur De Fiel approchait, le masque dur de son visage représentait une menace pour quiconque s’opposerait à ses volontés.

Le fer est dans le feu. Il chauffe, chauffe ! Bientôt, il aura atteint la température idéale. Tu le sentiras alors grésiller sur ta peau. Qu’en dis-tu, sauvageonne ?

Les lèvres de Petite Fleur Des Champs restèrent closes, scellées par une obstination farouche. Ordinairement, elle évitait ce qui provoquait de la souffrance, cependant, en cas extrême, elle était capable de la supporter. Une Inikawas ne montrait pas sa douleur, surtout pas à un ennemi. Coeur De Fiel aurait beau la torturer, elle était résolue à ne pas laisser la moindre plainte s’échapper.

L’Atlante ricanait stupidement devant le mutisme de sa prisonnière. Il entreprit de lui raconter par le détail les différents sévices auxquels il allait se livrer. Il voulait la briser moralement avant de passer aux actes.

Comme il se pavanait ainsi, captant l’attention de ses serviteurs par son discours minutieux, le hibou – toujours perché sur le hêtre à la lisière de la forêt – ouvrit largement ses paupières. Ses disques phosphorescents englobèrent toute la scène. Le même tableau se refléta dans deux yeux d’un vert glauque, loin, à un demi-jour de marche du campement. Et pourtant, ce que voyaient les yeux jaunes du hibou, ces yeux-là le voyaient également. Des yeux intelligents, qui étudiaient et comprenaient. Une main sèche semblable à une griffe se leva et de grands oiseaux battirent des ailes aux alentours avant de disparaître.

Toutefois, ce que le vert sale de ces prunelles ne distinguait pas, c’était l’arrière-plan de la scène, c’est-à-dire la forêt. Derrière le hêtre où reposait le hibou, l’ombre fauve d’un gigantesque animal dominait les environs.

La lumière vive du feu de bois plongeait dans les ténèbres l’espace au-delà du camp. Nul n’aurait donc pu discerner l’immense gorille accroché en haut de l’arbre. Il venait de s’y installer et contemplait d’un air morne et lymphatique les deux fillettes prisonnières, Coeur De fiel gesticulant et les chac-hommes piaillant entre eux.

Des mouvements subits dans le hêtre le mirent en alerte. Des frôlements et des odeurs étranges le remplirent de crainte. Il grogna faiblement, découvrit ses crocs puis, bondit souplement de branche en branche jusqu’à un autre arbre et s’évanouit comme happé par la forêt.

 

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