Chapitre 6 du roman de science-fiction : Les Hortours.
A lire gratuitement ci-dessous le sixième chapitre du roman de Patrick Huet « Les Hortours – dans l’enfer de la jungle » .
Ce chapitre s’intitule : De crocs et de feu.
Ainsi l’indique ce titre, les aventures de Vaaxor feront apparaître ces deux éléments comme points marquants de son périple. Les crocs pour le fauve qui pénétra à sa suite dans la Tour, et le feu… Pour ce que vous découvrirez au fil de cette histoire publié ci-dessous.
Auteur de ce livre : Patrick Huet.
Genre : roman de science-fiction.
Pour ceux qui n’auraient pas encore lu les chapitres précédents, voici le lien vers le début et la présentation de ce roman, cliquez sur « Les Hortours, chapitre 1 » .
Plan de cette page.
1- Note d’explication.
2- Résumé des épisodes précédents.
3- Début de la lecture – pour le chapitre 6.
4- Où acheter ce livre ? Pour ceux qui le souhaitent.
Ceux intéressés par le livre papier peuvent se procurer ce roman par le lien suivant : « roman de science-fiction » .
6- Autres livres à lire.
1- Note d’explication.
Dans le but de partager avec ses lecteurs de nouveaux écrits, Patrick Huet a voulu proposer plusieurs de ses romans en lecture libre.
Le roman « Les Hortours » (publié en tant que livre papier) est donc aussi diffusé par chapitre sur ce site.
Important . Ce chapitre est publié ici pour votre agrément. Sa lecture est libre, mais pas sa reproduction.
Tout le texte est soumis au copyright de Patrick Huet. Si vous souhaitez en reproduire des passages, nous vous remercions de contacter l’auteur pour en obtenir l’autorisation.
Exception pour les enseignants.
Patrick Huet autorise ces derniers à utiliser ou reproduire ce chapitre auprès de leurs élèves, à condition que ce soit uniquement dans le cadre de la classe et bien sûr gratuitement.
2- Résumé des épisodes précédents.
A la suite d’une erreur des sentinelles chargée de surveiller l’entrée de la Tour, Vaaxor réussit à pénétrer dans l’immense structure (où se regroupent plus de 200 000 habitants), suivit peu après par le terrible zac – un fauve énorme qui n’abandonne jamais sa proie une fois sa traque lancée.
3- Début de la lecture. Chapitre 6.
(Texte sous copyright. Reproduction interdite sans l’accord de l’auteur.)
De crocs et de feu.
Dans une salle cossue agrémentée de colonnades et de dorures, un homme grand et sec se faisait masser par deux filles au regard absent. Un garde s’approcha. Son uniforme noir rayé d’argent portait également une étoile de même métal.
– Excellence, Samra est à l’entrée.
– Qu’il vienne !
Le garde d’élite s’en alla transmettre le message et, peu après, le savant pénétra dans les appartements du maître de la Tour.
– Parle, Samra ! Et j’espère que ton discours sera bref !
L’homme jeta un coup d’œil en biais sur les deux esclaves.
– Ce que j’ai à vous dire est si important que…
– C’est bon, Samra !
D’un coup de pied, il envoya les deux filles rouler sur la moquette en braillant :
– Hors d’ici, limaces ! Retournez dans votre bauge jusqu’à ce que je vous rappelle !
Il rit en les voyant se relever gauchement et sortir à la hâte, puis houspilla le savant.
– Tu as intérêt à m’apporter des informations réellement importantes. Je ne suis pas d’humeur à écouter des babillages à la place de mes instants de détente. Avec tous ces événements, j’ai besoin de me relaxer en attendant l’arrestation de cet intrus. J’ai l’intention de l’interroger personnellement et j’ai des méthodes éprouvées pour délier la langue à mes invités récalcitrants.
Samra se courba dans une profonde révérence.
– Dictor, je n’aurais pas dérangé votre Excellence pour des vétilles. Seulement, il faut que vous sachiez certains faits. Lorsque je l’ai croisé au niveau 1502, l’intrus ne se dirigeait pas au hasard. Son allure était assurée et il allait entrer dans les appartements de… devinez qui ?… Zortac.
Élarac posa sur le savant un regard froid. Sa voix devenue rêche grinça.
– Hmm ! Sans doute avait-il l’intention de s’y cacher. Ce n’est qu’un sauvage, il n’aura vu là qu’un refuge où se terrer.
– C’est exactement ce que j’ai pensé au début. Mais comme je vous l’ai dit, il se dirigeait d’une façon déterminée, en connaisseur presque, ce qui m’a fort surpris. Ne trouvez-vous pas singulier que, parmi la multitude de portes, il ait choisi justement celle de Zortac ?
Les paupières du Dictor se baissèrent légèrement tandis que son regard se faisait plus acéré. Les muscles des joues se rétrécissaient et les lèvres se pinçaient.
Tel un serpent sinueux, les paroles de Samra s’infiltraient dans ses pensées, réveillant sa méfiance maladive. Observant la flamme du soupçon allumer les pupilles du dictateur, Samra en attisa le feu.
– Excellence, ne trouvez-vous pas étonnant qu’un sauvage, venant prétendument de l’extérieur, de la jungle, là où aucun humain ne pourrait survivre, qu’un tel sauvage connaisse le fonctionnement des tubes ascensionnels, aussi bien pour semer les patrouilles que pour arriver aux appartements de Zortac ?
Les yeux acérés d’Élarac ne quittaient plus ses lèvres. Il avait ferré le poisson, ne restait plus qu’à le mener où il le souhaitait.
– Ne trouvez-vous pas surprenant que le premier forfait de cet intrus fût d’incendier la serre numéro cinq, celle où nous cultivons les plantes destinées à la fabrication de la drogue d’esclavage ? Elles parvenaient juste à maturité. Nous commencions leur récolte pour en extraire le suc, et remplir nos stocks. La drogue doit être absorbée tous les jours pour que son effet perdure. Or, nous n’en avons que pour un mois de réserve. Habituellement, la nouvelle récolte est prête deux semaines avant la fin des stocks. Le roulement s’effectue sans problème. Il en sera différemment cette fois-ci. Du fait de cet incendie, la masse de nos concitoyens sera bientôt libérée de l’influence des drogues, avec les conséquences que vous devinez.
– Nous materons leur révolte dans le sang s’il le faut !
– Nous ? Excellence, vous pensez certainement à la Garde Noire. Or, si ce que je soupçonne est vrai… il y aura en jeu plus que des groupes d’habitants désarmés et faciles à réprimer.
– Parle, Samra ! Exprime clairement ton opinion !
– Je soupçonne Zortac d’avoir secrètement élaboré cette affaire. Il a relâché ses patrouilles contre les Hortours, n’est-ce pas ? Et pour quelle raison, si ce n’est pour les protéger ? Nous n’avons pas capturé un seul de ces Réfractaires depuis près d’un siècle. À l’heure qu’il est, ils doivent pulluler et avoir formé une horde d’attaque ayant eu tout le temps de s’entraîner. Une horde au service de Zortac qui peu à peu est en train de réduire en sous-main les capacités de réaction de nos forces jusqu’à leur véritable assaut. Zortac ne dévoile pas encore son jeu. Son prétendu sauvage a l’air de se déplacer sans but précis et pourtant, à peine est-il entré dans la Tour qu’il détruit notre serre numéro cinq, bien évidemment, par hasard. Vous pouvez vous attendre à d’autres catastrophes, Excellence.
Une sonnerie aiguë monta de la hanche d’Élarac. Il se saisit de sa visionneuse et aboya.
– Ici, Élarac ! Qu’y a-t-il ?
Sur le minuscule écran, un garde noir arborait une mine sombre.
– Dictor, il vient de se dérouler quelque chose… de… d’effroyable…
– Parle donc, bougre d’idiot, au lieu de me faire languir !
– Deux de vos escadrons d’élite ont disparu.
– Quoi ?
– Ils se trouvaient dans le secteur N50 où ils avaient repéré l’intrus. On ignore encore ce qui s’est passé, mais une partie des étages supérieurs s’est effondrée sur eux. Pour le moment, nous ne voyons aucun survivant.
– Continuez les recherches, j’arrive dans quelques instants.
Il coupa la communication. Le maître de la Tour et le savant échangèrent un long regard. Samra engagea plus avant le fer dans la plaie.
– Deux de vos troupes d’élite viennent d’être exterminées. Évidemment, cela ressemble à un hasard. Il ne reste plus que trois escadrons auxquels vous pouvez accorder une confiance totale, des hommes choisis et modelés par vos soins, et dont l’unique objectif est votre protection. Les autres, de simples soldats, sont habitués à recevoir des ordres de Zortac qui les côtoient quotidiennement. En cas de révolte de la population délivrée du carcan des drogues, Zortac sera-t-il avec vous ou se rangera-t-il du côté des habitants de la Tour en entraînant avec lui la majorité des gardes noirs pour combattre vos troupes d’élite ?
Le visage d’Élarac était blême de rage. Ses doigts se crispaient nerveusement.
– Avec l’appui des Hortours qu’il protège, d’une partie des gardes noirs et de la population, il balaiera les soldats qui vous sont fidèles et prendra la direction de la Tour.
Les yeux d’Élarac lançaient des éclairs.
– Si ce que tu dis est vrai… Oui, cela paraît vraisemblable. Nous assistons à trop de sinistres dans un trop court laps de temps pour que ceux-ci ne soient dus qu’à un caprice du destin. De plus, un homme seul ne pourrait tenir en échec une force de police telle que la Garde Noire, à moins de bénéficier d’une complicité interne et parfaitement organisée… Nous disposons de peu de temps avant le réveil des habitants. Tâche de trouver une nouvelle drogue qui puisse les asservir et que nous pourrons fabriquer rapidement et en grande quantité. Même si cette substance n’est pas aussi performante que l’ancienne et comporte des effets secondaires sur la santé physique, peu importe, le principal étant que les habitants restent entièrement soumis. Tu auras toute liberté de mouvement et tu seras libre d’utiliser les ressources de la Tour pour y parvenir. Mais il faut que tu nous fabriques cette drogue dans les deux jours qui viennent. Je donnerai l’ordre à mes hommes de te laisser agir. Rappelle-toi que tu dois faire vite, Samra. Plus que ton confort, c’est ta vie qui dépend de tes recherches. Si la population se révolte et que Zortac se rebelle, tu seras le deuxième sur la liste. Vous vous haïssez comme chien et chat, il sera plus qu’heureux de te faciliter le passage dans l’autre monde. Quant à moi, j’enverrai d’abord quelques-uns de mes espions observer ce qui se passe au Quartier Général de la Garde et prendre l’humeur des différents escadrons dirigés par Zortac. Je déterminerai ainsi ceux qui seront plus fidèles à moi qu’à lui. Ceci établi, je lancerai un plan offensif. J’appellerai Zortac et le mettrai aux fers par surprise. Pendant que je le soumettrai à la torture, mes troupes d’élite élimineront les chefs des escadrons enclins à le suivre. Ils y placeront des hommes sûrs désignés par moi. Je materai la rébellion de Zortac avant qu’il n’ait eu le loisir de la déclencher.
Samra se courba obséquieusement.
– Votre Excellence est admirable. Je reconnais son intelligence. Grâce à elle, nous vivons en paix depuis neuf cent cinquante ans.
– Et nous aurons encore neuf cent cinquante autres années, pourvu que tu nous fabriques cette drogue avant une semaine.
– Ce sera fait, Excellence. Maintenant que je peux circuler à ma guise, je vais inspecter les fabriques de protéines destinées à nourrir la population. Leur machinerie peut m’être utile.
En regagnant ses appartements, Samra souriait. Un sourire maléfique. Il évita cependant tout débordement de joie. Ce ne fut que dans l’abri de son logis qu’il se laissa aller.
– Samra, tu es un génie ! Élarac est maintenant persuadé de la trahison de Zortac. Ce grand costaud musculeux n’a plus qu’un ou deux jours de sursis. Mais il ne faut pas qu’Élarac le tue tout de suite. L’occasion n’a jamais été aussi belle de les éliminer en même temps. Je dois trouver un moyen d’alerter Zortac des intentions d’Élarac. Ainsi, les deux hommes se combattront et se détruiront mutuellement. J’occuperais alors la place qui me revient depuis près de mille ans. Quant au reste de la population, son esclavage sera encore plus dur. Élarac serait étonné de savoir les quantités de drogues que j’ai détournées depuis des siècles. Je les garde dans un endroit bien secret ; je n’ai mis personne au courant de ce… chapardage ! Et mes collègues scientifiques encore moins.
La sonnerie de sa visionneuse retentit à sa hanche. La tête allongée d’un homme apparut.
– Chadû ? Quel bon vent t’amène ? Comment va le système d’aération ?
Chadû, l’un des derniers survivants du cercle supérieur de la Guilde des savants, avait lui aussi pris part à l’instauration de la dictature de la Tour. Élarac l’avait laissé en vie et il bénéficiait des mêmes avantages que les rares autres rescapés de ce renversement de situation (confort et esclaves à volonté) et des mêmes inconvénients (déplacements limités à une zone précise). Il avait participé à la construction de la machinerie de la Tour. Il la connaissait sur le bout des doigts. En l’éliminant, Élarac aurait mis en danger le fonctionnement de toute la mécanique de la Tour. Par nécessité, il l’avait donc gardé sous la main. Mais à l’égal de Samra, Chadû n’aspirait qu’à briser sa prison.
– Au diable, la ventilation, Samra ! Tu m’as demandé de te signaler le moindre fait insolite. Eh bien, accroche-toi ! L’intrus qui met la Garde en émoi et qui sème la pagaille se trouve dans mon secteur. Je l’ai aperçu de loin, dans le renfoncement d’un couloir. Il avait l’air d’être en train de soigner des blessures. Dois-je appeler la Garde Noire ?
– Surtout pas, Chadû. Cet individu peut servir à notre retour à la tête de la Tour. Nous l’utiliserons à son insu. J’ai une idée machiavélique. Choisis la plus jolie de tes esclaves et donne-lui les instructions suivantes.
**
Après l’immobilisation du tube horizontal, Vaaxor était sorti en titubant. Sa vue se brouillait. Le bec du chachiua avait frappé de biais sur sa tempe gauche. Un filet rouge s’en échappait. Il se cala dans la première encoignure qu’il aperçut et entreprit de nettoyer sa blessure. Les herbes cicatrisantes qu’il avait cueillies deux jours auparavant tapissaient toujours le fond de son sac. Il l’ôta de son dos et se soigna selon les gestes traditionnels.
Il s’absorbait à cette tâche quand une silhouette apparut au bout du couloir. Sa main qui se portait sur sa hache s’arrêta lorsque ses yeux se posèrent sur le balancement des longs cheveux autour de frêles épaules à vingt mètres de là. La même sensation que dans la salle aux plantes le transperça. Ce balancement avait touché quelque chose ancré profondément au fond de sa mémoire et qui se refusait de remonter à la surface.
Le joli visage de la fille lui souriait.
– Bonjour à toi, lui dit-elle, une fois arrivée à deux mètres de lui.
Elle souriait toujours. Toutefois, il ne ressentait aucune chaleur dans ce sourire. C’était comme si quelqu’un avait tiré les lèvres de la fille et les avait gardées ainsi. Dans les yeux aussi, il ne voyait rien qu’un vide immense. La fille poursuivait.
– Mon maître m’envoie te porter un message et te dire ceci : « Zortac est avec toi. Il te soutient et tu peux compter sur son aide ».
– Qui est Zortac ?
La fille ne répondit pas. Elle continuait à débiter sur le même ton mécanique.
– Zortac te protégera. Il faut que tu te rendes dans la salle que je vais t’indiquer.
Elle lui en donna la description.
– Maintenant, viens au tube antigravitique. Je vais composer le numéro de secteur et de couloir qui te mènera à proximité de cette pièce.
Deux minutes plus tard, Chadû rapportait à son collègue le succès de son esclave.
– Bravo, Chadû ! Tu as opéré comme un chef ! Tel que je connais Élarac, il se précipitera sur Zortac pour le traîner en ses caves et le questionner en usant des instruments de torture dont il dispose. Il ne faut pas qu’il l’attrape surtout, mais qu’ils se battent tous les deux à mort. Je te quitte, je dois dès maintenant avertir Zortac du danger afin qu’il organise sa riposte contre Élarac.
– Tu veux le prévenir toi-même ?
– Oh, non ! Ce serait dangereux pour moi. Je vais habilement faire circuler l’information parmi les troupes placées sous le commandement direct de Zortac. À bientôt !
Il sortit et prit le tube antigravitique vers la zone récemment effondrée. Il avait noté, par l’intermédiaire de son appareil d’interception des communications, la présence d’une de ces escouades au sein du groupe de sauveteurs chargés de retrouver des rescapés. L’ordre du Dictor lui accordant liberté totale de mouvement ayant déjà vibré sur l’ensemble des visionneuses, les gardes le laissèrent gravir les montagnes de débris sans lui opposer de résistance.
Avisant un des proches de Zortac, Samra le héla.
– Hé ? Comment vont les travaux ? Y a-t-il des survivants ?
– Je crains fort que non. Personne n’a pu survivre à cette avalanche de béton. Faites attention, à un mètre sur votre droite se trouve un conduit d’aération. Il a été éventré par l’effondrement et plonge à cinquante mètres au-dessous.
– Merci de l’information. J’aurais moi-même à vous transmettre quelque chose de très important concernant votre avenir et celui de la Tour. À condition que vous me promettiez de taire mon nom lorsque vous en parlerez à votre supérieur.
Le garde accepta.
– Il s’agit d’Élarac. Il veut éliminer Zortac…
Concentré sur ses révélations, Samra s’avança sur une plaque de cuir brun sans y porter attention. À peine eut-il mis le pied dessus qu’elle s’anima. La poussière et les débris furent pris de fureur, secoués par une force inconnue. Le corps d’un chachiua se dégagea soudain. L’animal se trouvait tout en haut quand le plafond s’était effondré. Bien qu’à demi enseveli, il avait été simplement assommé. La pression du pied de Samra l’extirpa de son inconscience.
Il jaillit dans un nuage de poussière, agrippa le savant dans ses serres et s’éleva aussitôt.
Le garde à proximité saisit son laser et tira. Le trait de feu toucha le volatile en plein essor. Les ailes de cuir cessèrent de battre.
Entraîné par le poids de sa prise, le vampire disparut dans le conduit d’aération. Un cri d’horreur résonna dans le conduit comme Samra prenait conscience de sa fin prochaine. Puis, plus rien !
**
Au secteur N68, le tube antigravité venait subitement de s’arrêter.
Durant le trajet, Vaaxor avait réfléchi aux paroles de la fille. Avant qu’elle ne presse les carrés lumineux fixés à l’encadrement, il lui en avait demandé le fonctionnement. Il n’avait pas tout compris et n’avait retenu que ce qui pouvait le servir.
Désormais, il savait ce qu’ils signifiaient, et cela s’appelait des touches. Il l’avait aussi interrogé sur les tubes verticaux. Docile, elle lui avait répondu de sa voix continuellement monocorde. Il suffisait de composer sur le clavier le numéro de l’étage où l’on souhaitait se rendre. Enfantin !
Il trouva aisément la porte décrite par cette jeune femme. Dorée à l’or fin, elle réfléchissait l’éclat des boules de lumière disposées au plafond.
Personne ne le surveillant, il entra.
En premier lieu, il ne sut que faire dans cette salle trop grande pour lui. Il fouilla à droite, à gauche ; ouvrit un meuble, porta son attention sur un autre plus bas.
Une fiole mordorée brillait sur une étagère. Il la prit, la déboucha et s’apprêtait à la sentir quand une voix lui ordonna sèchement :
– Pose cela tout de suite !
L’épais tapis de sol avait étouffé les pas d’Élarac. Cinq gardes noirs, à l’étoile d’argent l’épaulaient, chacun un laser à la main.
– L’élixir de vie t’intéresse ? Susurra le Dictor sur un ton faussement suave. Tu recherches l’immortalité ?
Hébété, Vaaxor secoua la tête.
– Si ce n’est pas l’immortalité qui te préoccupe, que cherches-tu donc ? Quels sont tes buts ?
– Je… je ne sais pas.
Une chevelure scintilla dans sa mémoire. Et brusquement, il se souvint de son rêve, de cette fille merveilleuse.
– Un jardin… un jardin en haut de la Tour… c’est là que je dois me rendre.
– Un jardin ? Je suppose que tu veux parler du zoo. Quelle idée ! Il est inaccessible. Les cinq derniers étages sont effondrés depuis cinquante ans. Dis-moi plutôt, le nom de Zortac te rappelle-t-il quelque chose ?
Ignorant tout des sinuosités de l’esprit humain et des rivalités de la Tour, il répondit innocemment.
– Oui. Une fille m’a assuré que Zortac me soutient et qu’il me protégera.
Un fiel acide emplit le regard d’Élarac. Il laissa tomber :
– Apparemment, Zortac a oublié de te prévenir que mes appartements sont placés sous surveillance électronique. À peine étais-tu entré que ma visionneuse a sonné. J’ai suivi tes déplacements et suis venu te cueillir avec mes gardes. Je pense que nous allons avoir une longue conversation et que tu me confieras le moindre détail de ce que tu sais sur les Hortours et sur les manigances de Zortac… Saisissez-le vivant !
Au même instant, le chef des Gardes Noirs marchait à vive allure dans le secteur N68 vers les appartements du Dictor. Deux hommes l’accompagnaient.
– Es-tu réellement sûr de ce que tu as entendu ?
– Oui, Zortac. Avant de basculer dans le vide, il me disait qu’Élarac voulait t’éliminer.
– Sottises ! Élarac sait que je lui suis entièrement dévoué. C’est pour cela qu’il m’a installé à la tête de la Garde Noire. Samra était un sournois. Il cherchait à ce que je prenne peur et que je me rebelle. Ses intentions sont claires. Mais, dans quel but ? Je l’ignore, et il n’est plus là pour s’expliquer. Cependant, il a pu semer une graine de défiance dans l’esprit du Dictor. Le meilleur moyen de balayer un éventuel soupçon à mon égard est de rapporter à Élarac les paroles de Samra et de lui assurer de ma fidélité absolue.
Aucune sentinelle ne montait la garde devant les appartements d’Élarac. Le Dictor devait être sorti, car il s’entourait toujours de gardiens là où il se trouvait.
Zortac s’éloignait déjà quand des bruits de lutte s’élevèrent de derrière la porte dorée. Des cris, le choc d’une vaisselle qui s’éparpille…
– On se bat là-dedans ! s’exclama-t-il. Le Dictor est en danger !
Il ouvrit violemment la porte et, laser au poing, fonça dans la pièce avec ses deux compagnons. D’un coup d’œil, il aperçut l’intrus en train de se débattre entre les mains de la garde rapprochée du maître de la Tour. Ce dernier tourna la tête et, voyant Zortac et ses deux collègues, laser pointé en avant, hurla :
– Abattez Zortac !
Des traits de feu jaillirent. Zortac se jeta sur le côté, tout en tirant par réflexe sur un des hommes d’Élarac. Bien que rapide, un trait venu de biais le toucha à l’abdomen. Il s’écroula. Ses lieutenants fauchèrent trois de leurs adversaires avant de se caler derrière un meuble. Les traits fusaient sous les imprécations d’Élarac, lui aussi abrité derrière une lourde commode.
Plus personne ne s’intéressant à lui, Vaaxor rampa jusqu’à la sortie, puis fila dans les couloirs.
Quelques secondes plus tard, les échanges se turent. Élarac se releva prudemment. Dans ses appartements dévastés, personne ne bougeait. Les gardes s’étaient tous entre-tués. Sa rage se porta sur Vaaxor.
– Par le sang des damnés ! J’aurais ta peau, Hortour !
Il s’empara d’un laser et sortit de chez lui. À une soixantaine de mètres de ses quartiers, l’intrus venait de tourner à gauche, là où se situait l’entrée d’un tube ascensionnel. Le Dictor courut et… le tube était vide ! Forcément, l’homme connaissait le fonctionnement des ascenseurs. Sur ce point, Samra avait parfaitement raison. L’inconnu était un Hortour !
Il tira une languette au-dessus du clavier aux touches lumineuses. Une lamelle transparente glissa – un numéro clignotait.
– 1995 ! Le dernier étage valide de la Tour !
Le dictateur entra dans le tube et programma le clavier.
– 1995… N’a-t-il pas dit qu’il cherchait le zoo ? Il veut se rendre sur le toit, c’est impossible ! Les cinq niveaux supérieurs sont effondrés. Hum ! J’imagine qu’il va se terrer là-bas. En ce cas, il ne pourra plus s’échapper, je le tuerai au fond de sa propre tanière.
Au chambranle de la porte dorée, un homme se soulevait lourdement, une main sur le ventre. Il aurait dû être mort. Le feu ardent de la vengeance le faisait pourtant s’accrocher à la vie et mouvoir ses membres. Titubant à chaque pas, il se dirigea lui aussi vers l’ascenseur.
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