Au début était l’âge du feu.
Quelque part dans le lointain passé, il y eut la naissance de l’âge du feu. Plus exactement la découverte, non pas du feu, mais de la maîtrise du feu.
Dès cet instant, nos ancêtres n’avaient plus besoin d’attendre que la foudre déclenche un incendie pour s’en en emparer d’une bribe, puis de préserver cette flamme en l’alimentant chaque jour et chaque heure de brindilles et de branches.
Non, ils avaient acquis l’habileté nécessaire pour créer des étincelles de feu à volonté.
Le pouvoir du feu : la création de notre civilisation.
Le pouvoir de créer du feu (donc la maîtrise du feu) a modifié jusqu’aux racines les fondements des groupes humains de ces premiers temps.
Il en a découlé : la maîtrise du métal (et donc son utilisation), la cuisson des nourritures, la cuisson de briques, de ciment, de goudron, les premiers moteurs, la propulsion des locomotives et l’apparition des trains, la soudure des métaux, les industries, la propulsion des avions, et ainsi de suite.
La maîtrise du feu a véritablement fondé les assises de l’ensemble des peuples de notre planète.
L’âge du froid.
Mais vers la fin du XVIII° siècle, une autre découverte a aussi révolutionné complètement notre civilisation sans même que nous l’ayons remarquée : la découverte non pas du froid, mais de la maîtrise du froid.
Un monde soumis aux aléas du chaud.
Imaginez un monde où le froid était impossible à obtenir. Un monde où il fallait découper des cubes de glace dans les glaciers environnants ; puis les conserver dans des puits profonds protégés par de la paille pour s’en servir durant l’été pour rafraîchir les boissons. C’était dans ce monde-là que vivaient encore au début du XX° siècle nos arrière-grands-parents. Il y a moins de cent ans !
Savez-vous ce que cela signifiait : pas de réfrigérateur ? Ce que signifiait n’avoir aucun moyen d’obtenir du froid, dès que les beaux jours revenaient ?
Nos ancêtres avaient trouvé des astuces pour conserver les aliments au-delà de quelques jours.
Il fallait utiliser le sel (comme pour la morue), ou le sucre (confitures) ou fumer la viande ou encore les engloutir dans du vinaigre.
Mais ces astuces ne pouvaient convenir qu’à un nombre restreint d’aliments.
Ce que nous a apporté la maîtrise du froid dans l’alimentation, c’est :
La conservation facile de la nourriture. Il nous suffit de disposer des aliments dans le réfrigérateur et nous n’avons plus aucun souci à ce sujet.
La viande fraîche provenant de chez le boucher, les steaks, les rôtis… nous pouvons les conserver des mois entiers dans un congélateur sans inquiétude. Alors qu’auparavant, il aurait fallu soit les saler soit les fumer (ce qui demande du temps et de la technique) sinon ils auraient pourri.
De même pour les fruits, les légumes ou les simples yaourts, la maîtrise du froid a changé radicalement notre façon de consommer.
Le Froid : Un niveau de civilisation inégalé.
Toutefois, le sujet de l’alimentation n’est que la partie la plus visible de notre pouvoir sur le froid.
La maîtrise de ce froid nous permet aussi le transport et la conservation de produits qui se dénatureraient très vite à la chaleur. La maîtrise de l’hydrogène liquide (- 250 degrés) et des autres gaz dans l’industrie, les greffes d’organes (préservés grâce au froid), et un nombre incalculable de technologies qui n’existeraient pas sans l’emploi du froid et qui ont modifié en totalité notre civilisation.
Sans parler de ces immenses « data center » dont les serveurs font marcher internet et qui ne pourraient tenir sans un système de refroidissement de haute puissance.
En conclusion.
Sans maîtrise du feu pas de civilisation, sans maîtrise du froid pas de progression ; à nous de les utiliser judicieusement pour mieux vivre en ce monde. En tous les cas, je vous souhaite un harmonieux mélange des deux.
Auteur : Patrick HUET
© Patrick HUET