La source de la Saône : une source vagabonde.

La Saône : une source dont le berceau a varié au fil du temps.

(Article de Patrick Huet.)

La source de la Saône à Vioménil.

Si les sources des fleuves et des rivières sont souvent considérées comme immuables (à l’échelle humaine), il en est d’autres qui virent singulièrement en l’espace de quelques générations.

Ce fut le cas pour la source de la Saône dont la position a varié au cours des 150 dernières années.

Lorsque je me suis rendu sur les lieux avant d’effectuer ma descente de la Saône à pied, je ne m’étais jamais interrogé à ce sujet.

A mon arrivée sur place, j’avais été accueilli chaleureusement par les habitants de Vioménil, village où la Saône prend son départ, et j’avais admiré l’endroit qui la voyait naître.

Mon regard s’était promené sur le petit muret de pierre d’où s’écoulait le mince filet d’eau de la source, sur la rigole pavée qui accueillait son premier frissonnement, sur l’espace gazonné alentour de la rigole, et sur le magnifique menhir planté non loin de là pour ancrer la position de la source.

Je m’imaginais si peu que la source ait pu, autrefois, se situer à un autre endroit que la question ne m’était pas venue à l’esprit.

Retour anniversaire à la source.

Plus tard, pour marquer les 10 ans de mon aventure le long des berges de la Saône, je suis revenu à la source.

La pelouse me paraissait plus fraîche, l’herbe d’un vert plus vif, et le muret plus pétillant sous les couleurs de deux bacs de géranium. Quant au débit, de la Saône, il était tout aussi frêle qu’à ma première visite.

Jusque-là, rien de particulier.

Une vieille carte postale – une autre vision de la source.

Mais il advint que j’acquis par la suite une ancienne carte postale qui montrait la source sous un jour bien différent.

Pas de muret, … un amas d’environ 25 blocs de roches taillées au milieu desquelles jaillissent les premières eaux de la Saône. Des blocs d’une grande pureté, sans mousse, ni lichen ou poussière (ce qui signifie récemment déposés). Et une petite rigole de terre dans laquelle serpentait le cours de la Saône, pareil à tous les autres lits des ruisseaux de France.

Une photo couleur, datant donc très certainement de moins de 100 ans.

A la source de la Saône, une plaque d’information nous annonce que des travaux d’aménagement avaient eu lieu au XIX° siècle et que, malgré le bloc de granit (le menhir) figurant sur place, on ne sait pas à quel endroit la Saône prenait sa source. Qu’on ignore également les ouvriers y avaient découvert quelque chose.

Si l’on récapitule les différents éléments, il y eut entre le XIX° et notre époque trois phases de travaux qui modifièrent soit l’emplacement soit la configuration de la source.

  • Une première phase au XIX° dont nous ne savons rien.
  • Une autre phase au vingtième siècle (l’époque de la photo de la carte postale et des blocs de pierre neufs). Rien à ce sujet non plus.
  • Une troisième phase, à notre époque, qui évinça les blocs de pierre, construisit le muret, planta la pelouse et conçut le lieu de pique-nique.

J’ai eu beau rechercher le berceau de la source autrefois, il n’en persiste aucun souvenir, hormis qu’elle se situait à un autre endroit que celui d’où elle jaillit maintenant.

Une source neuve dans un paysage neuf.

De cet épisode, j’en ai tiré une leçon. Les sources telles qu’elles nous apparaissent ne sont pas forcément celles qui existaient autrefois, il y a 50 ou 100 ans, et ne sont, certainement, plus du tout les mêmes qu’il y a mille ou deux mille ans.

Si l’ouvrage du temps peut en avoir modifié la géographie, l’ouvrage des hommes est tout autant susceptible de lui offrir une apparence nouvelle.

Si les hommes aiment à donner aux environnements une apparence nouvelle. La nature est bien plus prompte à revêtir les lieux d’une nouvelle parure.

Un joli carré d’herbes se transforme 5 ans plus tard une brousse épaisse. Tel ruisseau sera détourné de son cours par des ruissellements de terre qui auront comblé son lit d’origine.

Si l’on regarde les événements avec impartialité, seule l’intervention de l’Homme permet de préserver les lieux dans l’état où ils se trouvent, en taillant les herbes trop hautes, en dégageant les lits des ruisseaux et des rivières et par différentes autres interventions de la vie quotidienne.

Conclusion : Sachons apprécier le travail de l’homme et de la nature.

Alors, sachons apprécier le travail de la nature autant que le travail de l’homme dans leurs aspects les plus beaux et les plus constructifs.

(Patrick Huet – écrivain et Fleuve-trotteur.)

Au sujet du Fleuve-trotteur et de son voyage.

Patrick Huet a longé toute la Saône à pied, de la source au confluent. Il raconte son aventure dans un carnet de voyage qui décrit ce qu’il a découvert à chaque étape de son parcours.

Ce livre s’appelle : Descente de la Saône à pied – histoire d’un fleuve-trotteur. Vous en trouverez la présentation par le lien suivant : La Saône de la source à l’embouchure.

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