Extrait du conte : Laetitia et Faline la fille de Lune.
Auteur : Patrick Huet. Epoque : notre époque. Genre : merveilleux. Niveau d’âge : à partir de 8 ans.
Personnage principal : une petite fille d’une dizaine d’années qui possède le pouvoir de se transformer en sirène à volonté.
Dans cette histoire, Laetitia, en vacance à Clayon, un petit village de Normandie, va être le témoin d’un étrange phénomène.
Deux extraits de cette histoire.
Extrait numéro 1 : Un château mystérieux.
(…) En sortant de la maison, la première direction que prit Laetitia fut celle du château. En passant devant le mur d’enceinte qui cernait le domaine, elle ne put s’empêcher de se rappeler les paroles de la dame du marché. « Des cris lugubres. » Elle tendit l’oreille, mais n’entendit rien d’autre que le murmure du vent. Le mur, haut de trois mètres, n’avait rien pour enchanter le regard. Même en plein soleil, sa pierre parsemée de lichens semblait éteindre les rayons qui s’y posaient.
« Brrr ! Je comprends les dames du marché. Personne n’aurait envie de se promener ici la nuit. »
Toutefois, Laetitia n’était pas du genre à s’effrayer facilement, surtout en plein jour quand le soleil inondait les lieux. Elle arriva près de la grille d’entrée et se pencha vers les barreaux pour examiner le château de l’autre côté.
« Hé ! Que fais-tu ? »
Laetitia se redressa subitement et se retourna. Sur le trottoir en face, une petite fille blonde aux cheveux mi-longs la regardait fixement. Ses yeux bleus brûlaient d’inquiétude. D’un geste bref de la main, elle lui fit signe de venir. Interloquée, Laetitia traversa la rue.
« Viens avec moi ! »
Elle la suivit en silence. Une fois parvenue dans une autre rue, la petite fille s’arrêta.
« Je m’appelle Eva. Ici, nous serons tranquilles pour parler.
— Bonjour, Eva. Moi, c’est Laetitia. Je veux bien parler avec toi. Pourquoi m’as-tu interpellée, tout à l’heure ? Et pourquoi m’avoir conduite ici ?
— Parce que ce n’est pas prudent de rester près du château. Et en plus, tu allais passer la tête à travers les barreaux du portail. Tu ne sais pas qu’il y a des chiens énormes qui rôdent dans le parc et qui empêchent les inconnus d’y entrer ? Ils auraient pu te déchiqueter.
— Non. Je ne savais pas. Je viens juste d’arriver ce matin avec mes parents pour les vacances de printemps.
— Je m’en doutais, car moi, j’habite ici et je ne t’ai jamais vue.
— Merci, Eva, de m’avoir prévenue pour les chiens. Mais nous aurions pu rester devant l’entrée pour en discuter. Au-dehors, dans la rue, nous ne risquons rien.
— Autrefois, oui. Depuis quatre mois, c’est différent. Depuis que le nouveau propriétaire a repris le domaine, cela ne sent pas bon. Enfin, pas une odeur pour les narines. C’est quelque chose d’autre qui rend l’endroit désagréable, comme s’il y avait une sorte d’ombre qui plane qui change l’aspect de l’air. Peut-être un fantôme.
— Je ne crois pas que c’est cela. Les fantômes ne sortent pas la journée. Toutefois, c’est vrai ce que tu dis. Il y a quelque chose d’étrange dans le château qui éteint la lumière. Cela m’a surprise quand j’ai longé le mur. Je me demande ce que c’est.
— N’y pense plus ! Il vaut mieux rester à l’écart, et laisser cette vieille bâtisse et eux qui l’habitent à leurs affaires. Il y a d’autres choses beaucoup plus intéressantes. Viens, je vais te faire visiter Clayon. »
Laetitia passa l’après-midi avec sa nouvelle amie. Quand elle la présenta à ses parents, sa mère fut conquise par les grands yeux bleus lumineux d’Eva et par son sourire. Elle accepta aussi que Laetitia se promène avec elle les jours suivants.
Le repas du soir se déroula dans la bonne humeur et dans les rires. À la nuit, chacun regagna sa chambre.
De sa fenêtre, Laetitia observa longuement le château. Hormis les tourelles sombres qui se découpaient contre le ciel d’un bleu outre-mer, elle ne distinguait rien de particulier. À cette distance, même le mur d’enceinte paraissait ordinaire. Son imagination avait dû lui jouer des tours cet après-midi, sans doute à cause des mises en garde des dames du marché.
Fatiguée d’avoir sauté et couru de-ci de-là, dans les rues ou dans les parcs avec Eva, elle ôta l’élastique qui retenait ses longs cheveux bruns et se coucha. Elle s’endormit aussitôt.
Au cœur de la nuit, elle se réveilla en sursaut. Une étrange sensation la faisait frissonner. Cela provenait du dehors. Elle se leva vivement et s’approcha de la fenêtre. Elle n’avait pas fermé les volets pour profiter du scintillement des étoiles. À travers la vitre, elle voyait la lune éclairer d’argent les toits de Clayon, la chaussée devant la maison et les murailles du château. Un spectacle magnifique dont elle ne se lassait pas.
Elle allait se recoucher quand un phénomène incroyable se produisit. On aurait dit que la lumière qui baignait les alentours ondulait, un peu comme le ferait un tissu sous une légère brise. Laetitia s’immobilisa. « Ce n’est pas possible. La lumière est impalpable, elle ne peut pas ondoyer ! » Et pourtant, l’ondoiement s’amplifia. Et là sous ses yeux, elle vit la lumière se rétracter, abandonner les toits, se retirer de la rue pour se condenser en un unique faisceau juste au-dessus d’une des tourelles du château. Tout le village était tombé dans une nuit absolue, hormis ce faisceau qui descendait du disque argenté de la lune pour se fixer sur le château.
Durant un bref moment, Laetitia crut distinguer une forme qui se tortillait dans le faisceau…
(…)
Extrait numéro 2 : quand la sirène s’éveille.
(…) Laetitia examina un moment les alentours, s’assura que personne ne s’y promenait. Effectivement, personne ! Ni devant ni derrière elle. Tout était désert. Rassurée, elle s’engagea dans un des bosquets qui ombrageaient la rivière et se glissa dans l’eau. Aussitôt, son regard prit la teinte du fond des océans, un regard capable de percer les ténèbres qui règnent dans les abysses sans fin des fosses marines. Ses longs cheveux flottèrent autour d’elle tandis que ses vêtements se changèrent en écailles, souples comme du tissu, mais plus solides que l’acier.
Grâce à son pouvoir, elle avait la possibilité de rester dans l’eau avec son apparence ordinaire ou d’adopter celle d’une sirène. Pour ce qu’elle comptait entreprendre, c’était celle de la sirène qui lui était nécessaire.
La rivière faisait dans les deux mètres, une profondeur bien suffisante pour une sirène.
Le regard de Laetitia s’emplit de merveilles lorsqu’elle se propulsa à une vitesse vertigineuse dans les eaux claires. Si quelqu’un s’était penché à ce moment-là au-dessus de l’eau, il n’aurait aperçu qu’un éclair d’argent à travers les ondes, et aurait pensé à un reflet de soleil qui s’y réfléchissait.
À une allure fulgurante, Laetitia parvint dans le tunnel. Elle s’arrêta juste après l’entrée. L’endroit était sombre, mais elle y voyait comme en plein jour. À vingt mètres de là, une grille.
Elle s’en approcha dans un silence parfait, toujours immergée au fond de l’eau. Les barreaux de la grille touchaient presque le fond, de même que le plafond. Impossible de se glisser au-dessous ou au-dessus. Des charnières la maintenaient dans la paroi de gauche et une serrure la verrouillait sur la paroi de droite.
Elle étendit son regard, remonta des yeux le fil du courant et perçut loin devant, à près de cinq cents mètres, le léger tourbillon de l’eau autour de la coque d’un bateau. Le port souterrain.
Satisfaite, la petite sirène fulgura dans la rivière en sens inverse et retrouva son bosquet. Personne n’était venu durant ce laps de temps. Elle reprit son allure de petite fille ordinaire et grimpa sur la berge. Un peu plus tard, elle rejoignit Eva. Elle ne lui dit rien de son expédition. Du reste, son amie avait tant de jeux magnifiques à lui montrer que la petite sirène oublia vite les tunnels et les ports secrets.
(….)
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Pour en savoir plus au sujet de Laetitia.
Pour en savoir davantage au sujet de cette héroïne, nous vous invitons à découvrir sa présentation ici : l’Univers de Laetitia.
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